Conception Jérôme Bel Chorégraphie Isadora Duncan
Si Isadora Duncan et Jérôme Bel ont une chose en commun, c’est bien la radicalité de leur geste artistique. Le destin romanesque de la danseuse et chorégraphe a peut-être en partie occulté la puissance de sa démarche. Celle-ci rompait avec la danse classique pour prôner une nouvelle idée de la danse qui faisait la part belle à l’invention, l’improvisation, à l’harmonie du corps et de l’esprit, en inscrivant l’art dans un mouvement plus large d’émancipation, notamment des femmes. Si la radicalité de Jérôme Bel n’est pas moindre, elle se situe ailleurs : dans une réduction drastique de l’économie spectaculaire qui à l’inverse place au cœur du processus créatif les interprètes dans toute leur singularité, leur histoire, la puissance de leur engagement. Isadora Duncan s’inscrit ainsi dans un cycle de portraits de danseur·se·s initié en 2004 avec Véronique Doisneau. Mais pour la première fois, il fait ici le portrait d’une danseuse disparue, en s’appuyant sur le travail d’Élisabeth Schwarz, qui danse mais raconte aussi non seulement la vie d’Isadora Duncan, mais l’influence que celle-ci aura eu sur son propre parcours de danseuse. Au-delà de l’hommage, ce portrait dans un portrait devient alors aussi une magnifique réflexion sur la transmission, et la manière dont la danse, si éphémère qu’elle soit, nous survit et nous transforme.
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