Cent culottes et sans papiers - Théâtre de L'Usine

Du au

De 16h00 à 15h00

Théâtre de L'Usine

33 Chemin d'Andrésy 95610 Eragny sur Oise
95610 Éragny

Portrait documentaire de l’école à travers le XXe siècle, avec ses enregistrements issus du réel et ses archives audio, Cent culottes et sans papiers rappelle avec tendresse et cruauté les affres de l’enfance. Chaque vêtement oublié devient prétexte à raconter une tranche de vie poétique ou politique, dépliant un éventail d’histoires sensibles et ludiques.

A travers la danse, le chant et le théâtre d’objets, Rachid Akbal célèbre les jeux de cour de récréation où s’annoncent déjà les tristesses et les joies du monde de demain. Une ballade à trois temps pour réinventer la petite ritournelle : Liberté, Égalité, Fraternité.

Durée : 50 minutes · Tout public à partir de 9 ans

Texte : Sylvain Levey© Editions théâtrales · Mise en scène et jeu : Rachid Akbal · Regard extérieur et lumières : Hervé Bontemps · Création sonore : Clément Roussillat · Costumes : Fabienne Desflèches · Mise en mouvement : Laure Wernly

Production : Compagnie théâtrale Le Temps de Vivre · Coproduction : Maison du Développement Culturel de Gennevilliers (92), Théâtre de l'Usine à Eragny (95), Eveil artistique Scène conventionnée Art Enfance Jeunesse - Avignon (84) · Avec l’aide à la création de spectacles du Conseil départemental du Val d’Oise · Accueils en résidence : Théâtre Le Hublot et MJC-Théâtre de Colombes (92) · Remerciements : écoles Jean Lurçat à Gennevilliers et Simone Veil à Colombes

https://youtu.be/6MI_ofCJPD8

Intentions de mise en scène · par Rachid Akbal

Quand l’adulte regarde l’enfant

Cent culottes et sans papiers est fait des mots de l’enfance mais il est écrit avec le point de vue d’un adulte : c’est toujours l’auteur qui décrit ce qu’il voit, qui porte un regard sur l’enfant. Par la simplicité de ses mots, il arrive à nous faire voir et entendre les enfants dont il raconte les vêtements mais la focalisation reste toujours externe.

C’est un texte-matériau pour la scène, pour jouer avec la langue et les situations. Je l’ai donc abordé par un travail sur le silence, sur la page blanche. J’ai opéré diverses coupes pour garder surtout le poétique, le sensible, afin que, petit à petit, l’émotion prenne le pas sur la narration.

Au début, je suis un observateur, je dis le texte comme si j’en étais l’auteur. Je suis dans une adresse directe au public ce qui permet de créer des interactions avec lui. Mais au fur et à mesure, je deviens acteur, presque clown. J’utilise le détour par le jeu (jouer à cache-cache, marcher un équilibre sur une poutre…) pour rendre le texte familier aux jeunes spectateurs et mettre en relief ses intentions. Pour renforcer ce caractère ludique et joyeux, je passe aussi par le mouvement, la danse, le chant, la marionnette, l’objet.

Sylvain Levey ancre sa narration dans une traversée de la grande Histoire qu’il convoque à travers tout un procédé de listes et d’énumérations. Dans ces textes en creux, tout semble à priori trop dit. Parmi les références historiques, nous avons gardé uniquement les blouses de l’année mille neuf cent quarante-et-un. Au début du spectacle, la pile de blouse est cachée dans un carton où on les a oubliées. Puis ce carton devient refuge pour l'enfant qui se cache, puis castelet pour le pull de Courpartout… C’est ainsi que je souhaite donner vie à la réalité du texte : en tant qu’artisan-créateur.

Une bande-son entre documentaire et poésie

Clément Roussillat réalise une composition musicale et rythmique à trois temps pour accompagner le texte, renforcer sa poétique et donner au personnage central l’élan nécessaire à son envol. Le reste de la partition est documentaire : prise de sons dans des cours d’école, interviews d’enfants, ajout de discours politiques.

Des vêtements-objets

Les vêtements présents sur scène vont permettre de faire ressortir un trait en particulier, une idée qu’il faut faire jaillir pour qu’elle touche le coeur et l’esprit. Le narrateur va aussi, tout au long de la pièce, se dépouiller de ses vêtements pour en enfiler d’autres, puis d’autres et d’autres encore, de façon à ce que ces couches successives lui donnent une silhouette étrange.

Pourquoi monter Cent culottes et sans papiers ? par Rachid Akbal

Ce spectacle je veux le donner partout. Il doit entrer dans les théâtres avec une création lumière choisie pour les lieux équipés, mais il doit aussi pouvoir exister dans les lieux non dédiés, les médiathèques et, bien sûr, au sein même des établissements scolaires, dans les CDI ou les cours d’écoles. Car il faut partager ces mots entre enfants et adultes, pour grandir et toujours grandir.

J’ai rencontré l’écriture de Sylvain Levey en jouant le rôle du père dans Costa le rouge mis en scène par Julien Bouffier en 2011. Dans ce texte, j’aime la dimension sociale qui tend l’action, la lutte des classes, et en toile de fond, la grande Histoire. Dans ses histoires, on retrouve souvent des personnages d’enfants mais ils ne sont pas de leur âge et ils ont bien souvent une fêlure.

Nous nous sommes retrouvés en 2018 à travers le projet Graines de conteurs porté par le festival Rumeurs Urbaines que je dirige. J’ai invité Sylvain à mener des ateliers d’écriture avec des élèves de sixième et de CM2 sur le territoire. A cette occasion, j’ai relu ses textes et Cent culottes et sans papiers a trouvé une résonance inattendue avec ma dernière création, Rivages, sur les migrants. J’ai ressenti comme une évidence à me saisir de ce texte car il défend des états que je partage : le regard tendre, l’innocence, l’état de révolte, l’espoir. Et en dénonce d’autres que je combats : le rejet, le silence complice, l’indifférence.

Cent culottes et sans papiers est un texte au ton apparemment léger, qui s’amuse de la spontanéité et des rires de l’enfance. Comme dans la vie, l’innocence y côtoie la peur au quotidien. C’est cette dualité qui en fait la force : la simplicité mêlée à la brutalité, la sensibilité et le principe de réalité.

Sous la plume de Sylvain Levey, l’école devient le miroir de notre société et de sa consommation effrénée. Il recense ces affaires futiles ou utiles que la pub et les goûts tentent d’imposer aux enfants. Il montre ces vêtement qui nous révèlent, dresse un inventaire sensible de ces objets inanimés racontant toute une histoire de France, des sans-culottes… aux sans-papiers.

Chaque texte, plus ou moins court, plus ou moins dialogué, est composé à partir d’un vêtement oublié (mouchoir, gant, débardeur, slip…) et propose une immersion dans le monde de l’enfance.

Une première constellation de textes est liée à la vie quotidienne : jeux d’enfants choraux (Am-stram-gram, marelle, papier-ciseau), brutalité banale de l’enfance (bagarres, déception, violence des adultes). Un second réseau de fragments s’organise autour de la société de consommation et de l’écologie. Ces tranches de vie traversent les époques et les cours d’école de France. Le point commun ? La devise nationale, Liberté, Égalité, Fraternité. À coups de petites chroniques poétiques ou d’aphorismes politiques, l’auteur observe la relation entre les habits et les enfants pour écrire un petit manuel d’instruction civique.

Ce spectacle en direction du jeune public est quasiment une première pour la compagnie (exception faite de Ma Mère l’Algérie), car depuis des années nous travaillons sur des projets de création en direction des adolescents et des adultes.

Pour ce spectacle, nous resterons fidèles à la ligne artistique de la compagnie à savoir interroger le documentaire et la fiction, notamment à travers une bande sonore qui sera tantôt un support à l’imaginaire, tantôt un enregistrement issu du réel.

Le texte de Sylvain Levey, assemblage de fragments tantôt narratifs, tantôt descriptifs, chacun ayant sa théâtralité propre, appelle cette métamorphose. Au départ observateur du réel, le narrateur quitte peu à peu sa position extérieure pour incarner certains personnages. Le procédé est poussé à l’extrême puisque le personnage central, à force d’empiler des couches de vêtement sur lui, finit par devenir, lui aussi, un objet-habit.

Créé en résidence chez les partenaires historiques de la compagnie (Maison du développement culturel de Gennevilliers, Théâtre le Hublot à Colombes), ce projet se voit assuré d’une diffusion en Ile-de-France dès la saison 2019-2020.

Le choix renouvelé d'une double forme (version tout-terrain et version pour lieux équipés comme pour les spectacles Retour à Ithaque et Baba la France) s’inscrit dans notre volonté de continuer à essaimer dans des zones moins bien dotées en équipements artistiques et culturels. Ainsi le partenariat avec le Théâtre de l'Usine à Eragny nous permettra de jouer au théâtre mais aussi en milieu rural dans le cadre de la saison Vexinoise.

Enfin la création en juillet 2019 au sein du festival Théâtr’enfants, et donc d’une scène conventionnée Art enfance jeunesse, nous permet d’envisager une ouverture vers le réseau professionnel jeune public national et une diffusion conséquente en 2020-2021.

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