Dans le cadre de la semaine d'éducation et d'actions contre le racisme et l'antisémitisme, le spectacle L'Ascenseur recommandé par la Licra sera présenté au Patadome Théâtre à Irigny (69) par une série de représentations scolaires et tout public. Chaque représentation est suivie d'un temps d'échange.
Ils s’appellent Alyona, Djamal, Nicholas, Samuel, Salimata, Kassim. Ils sont jeunes et fatalement nous ressemblent. Ils embarquent dans l’Ascenseur au rez-de-chaussée. Ils ont tous besoin d’un stage, d’une formation, de rencontrer quelqu’un qui fera déclic, ils vont tous au même endroit : au 23e étage, au forum de l’Avenir. Après quelques secondes, l’Ascenseur a de violentes secousses et s’arrête en pleine ascension, obligeant les six jeunes à attendre dans la promiscuité…
L’Ascenseur clignote, se bloque, pour quelques instants peut être et tout à coup vous vous retrouvez avec l’Autre. Qu’est-ce que vous faites, qu’est-ce que vous regardez en premier ? Par exemple vous regardez ce qui vous différencie d’elle ou de lui ? Ce qui en lui est différent de ce qui est en vous ? Ce qui rapproche, ce qui sépare ? Ce qui répugne, ce qui soulage ? Soulage, répugne, approche, sépare. Et comment l’Autre vous regarde. Il vous défie. Il se délimite de vous. Se rassure en vous. Il vous montre la haine la plus totale. L’Autre vous rappelle sans cesse qui vous êtes, ce que vous ne voudriez plus être. Ce que vous voulez être mais pas à ses conditions à lui. Ou selon ses termes à elle. L’Autre vous classe, vous définit et vous condamne. Vous êtes certainement mieux intégré qu’elle ou que lui. Vous avez un Ascendant sur elle ou sur lui c’est évident. Exigez. Non, ça serait mieux que vous vous effaciez, que vous rasiez les murs. Ne rien exiger.
Depuis les attentats de janvier 2015, les habitants du quartier populaire de la Duchère ressentent un poids dans le regard que l’on porte sur eux, parce qu’ils ont une tête d’origine, parce qu’ils parlent mal le français, parce qu’elles portent le voile, parce qu’ils habitent ce quartier. Ils ressentent un racisme ordinaire. Ces sensations sont partagées par les habitants jeunes comme adultes, femmes comme hommes. Elles révèlent la peur de l’autre par préjugés et engendre rejet et discriminations. C’est de cet endroit-là que le projet L’Ascenseur s’est construit. Aujourd’hui, il s’est élargi par la rencontre avec d’autres publics qui se sentent à l’écart parce qu’ils sont juifs ou homosexuels ou qu’ils ont fui leur pays. Sont-ils réellement rejetés ? S’excluent-ils d’eux-mêmes ? Dans tous les cas, le ressenti est là, fort, encombrant, déplaisant, pourvoyeur de violence, rabat-joie du vivre ensemble, trouble-fête de l’égalité…
TEXTE : MATHEO ALEPHIS MISE EN SCÈNE : ANNE-PASCALE PARIS AVEC : ANCA BÉNÉ, ETIENNE DIALLO OU MOHAMADOU DIOP, CHAWKI DERBEL, YANN DUCRUET OU BERANGER CRAIN, AUDREZ GOMIS, BENJAMIN ESCOFFIER SCÉNOGRAPHIE : SABINE ALGAN CRÉATION SONORE : LAURENT FRICK LUMIÈRES : DAVY DEDIENNE PUBLIC : À PARTIR DE 14 ANS DURÉE : 1H15
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