Ils sont deux, comme Don Quichotte et Sancho Pança. L’un, Léopold (Pierre Meunier), révolté par la dictature de l’inertie et la pensée terre-à-terre, met toute son énergie dans l’envol : question de ténacité, pense-t-il ! Pour l’autre, Kutsch (Hervé Pierre), vérificateur des poids et mesures défroqué, notre masse va de soi, mais il emboîte le pas à son camarade — sait-on jamais ? se dit-il. Dans un décor de poulies, de cordes, de barres horizontales et de contrepoids, les deux gaillards font tout pour se hisser au-dessus du plancher des vaches, joignant le geste à la parole. L’écrivain, acteur et metteur en scène Pierre Meunier remet au plateau, sous le regard de Marguerite Bordat, ce spectacle créé en 1996. Léopold et Kutsch ont donc vingt-quatre ans de plus — et l’assument — mais ils sont plus déterminés que jamais à ne pas lâcher le morceau contre la pesanteur du monde. Au croisement du comique burlesque et de la métaphysique, L’Homme de plein vent « version 2020 » encourage à remonter ses manches pour s’extirper de tout ce qui nous rabaisse, nous cloue au sol, nous étouffe. Réjouissant et salutaire.
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