Sur les rayonnages d’une bibliothèque ouverte sur l’imaginaire, l’album illustré d’Oliver Jeffers : L’extraordinaire garçon qui dévorait les livres. Henri les dévorait pour de bon, avec voracité, à se rendre malade d’histoires et de savoir jusqu’à tout perdre, avant de découvrir, dans la lecture, un remède efficace et joyeux. Sylvain Maurice s’empare du livre, en gourmet plus qu’en gourmand. Il en tire le livret d’un théâtre musical pour la jeunesse. Il imagine une scénographie vidéo à la façon d’une page blanche où se projettent tous les mots, les désirs, les bizarreries de cette fringale d’enfance, inédite et inouïe. C’est le monde dont sont curieux tous les enfants qui rêvent et ne sont donc pas raisonnables, le monde de ceux qui viendront écouter ce petit opéra à une voix, trois instrumentistes et dispositif électronique. Dynamique, mobile souvent et mystérieuse parfois, la musique de Laurent Cuniot s’adresse directement à la sensibilité des jeunes spectateurs. Elle leur ouvre des portes dérobées vers des ailleurs sonores dont ils ne sont pas familiers. Inouïs, encore. Comme est inouïe la voix de soprano colorature, à la fois très maternelle et très juvénile, narratrice et incarnation des personnages. Elle fuse au cœur de cette fantaisie aux couleurs d’un arc-en-ciel poétique, onirique, fantastique, drôle aussi et bouleversant si l’on veut bien l’écouter.
Source : Open Agenda
0 Commentaire Soyez le premier à réagir