SHIN SANG-OK, L’ÉQUATION CORÉENNE
Shin Sang-ok a une biographie digne d’un roman d’espionnage. Cinéaste et producteur, il fut dans l’après-partition de la Corée, un figure absolument centrale pour le développement du cinéma de son pays. Films historiques, comédies, mélodrames, films de fantômes… Shin Sang-ok voulait tout du cinéma, nous en ferons la preuve à travers 14 films rares.
Chaque année depuis 1979, à la fin du mois de novembre à Nantes, le Festival Des 3 Continents propose des films de fictions et documentaires d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie. Outre sa compétition exigeante, ce « grand petit festival » porte aussi un regard sur le patrimoine cinématographique par des rétrospectives pionnières dans la (re)découverte de cinéastes. Cette année, Jérôme Baron, directeur artistique du festival, a décidé de rendre hommage au réalisateur Shin Sang-ok. Ce cinéaste n’ayant été que trop peu honoré en France (au festival de la Rochelle en 1994 et au festival Lumière de Lyon en 2009) et jamais pour la totalité de son œuvre.
Producteur et réalisateur prolifique (300 films produits et/ou réalisés), la carrière de Shin Sang-ok est indissociable de l'histoire de son pays. Dans les années 1950, juste après l'occupation japonaise et la guerre de Corée, il commence à travailler et réalise rapidement ses grands succès : Les Fleurs de l'enfer (1958), Yonsang Gun (1961) et Le locataire et ma mère (1961) notamment. Shin Sang-ok est alors enlevé sur ordre du régime de Pyongyang comme sa première épouse, l’emblématique actrice Choi Eun-hee. Il tourne en Corée du Nord sept films entre 1978 et 1986, avant de profiter d'un voyage de Berlin à Vienne pour se réfugier à l'ambassade des États-Unis et y demander l'asile politique.
Cette anecdote ne doit cependant pas dissimuler la réalité d'une œuvre essentielle à la connaissance du fait cinématographique coréen. Fort d’une reconnaissance internationale, Shin Sang-ok apparaît comme l’un des cinéastes les plus novateurs de sa génération et l’une des figures essentielles de l’histoire du cinéma coréen.
Cette rétrospective brosse le portrait le plus complet de ce grand cinéaste non pas en cherchant l'exhaustivité mais plutôt en faisant émerger les formes typiques et la diversité de son cinéma. Entre mélodrames coréens et films d’actions américains, Shin Sang-ok est pluriel.
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