EVOCATIONS - MABA

ÉVOCATION(S) se propose de penser un centre d’art à partir du seul rapport à l’imaginaire. Comment penser un lieu d’exposition quand celui-ci est vidé de ce qui fait sa substance, la présence des œuvres. Dans cet interstice de l’été, où le centre d’art est fermé au public, où les œuvres et les artistes sont absents, il s’agit de solliciter les capacités de projection à partir d’un travail d’écoute d’une œuvre sonore engageant un parcours physique et mental au sein des espaces intérieurs et extérieurs du centre d’art.

Cette évocation est confiée à l’artiste Lidwine Prolonge qui, dans le Cinéma des sœurs Smith, partie VI – la voix engageait l’inconscient de l’exposition Performance TV à laquelle elle avait participé en 2018, créant des ouvertures vers ce qui l’excédait et la constituait : les multiples histoires qui parcouraient les salles de la MABA, les commerces invisibles entre les œuvres présentes et passées, des émotions qui resurgissaient. La pièce sonore réalisée pour l’exposition menait le visiteur vers le parc et vers les autres usagers du lieu, les artistes des ateliers et de la Maison nationale des artistes. Une voix envoûtante pénétrait peu à peu le regard, superposant aux lieux traversés la mémoire des œuvres précédentes, mêlée à des bribes de conversations vécues par Lidwine Prolonge lors de ses séjours à Nogent-sur-Marne. Ce moment d’écoute individuel invitait à des attitudes méditatives mais aussi rétrospectives sur la visite de l’exposition. Le récit fragmenté guide ainsi les pas des visiteurs, tout en produisant une dérive des consciences.

Munis de casques individuels permettant l’écoute de l’œuvre sonore, les auditeurs-visiteurs déambulent au sein des espaces vides de la MABA en se laissant bercer par les souvenirs liés à une exposition passée. Le parcours les amène des salles de la MABA jusqu’à l’extérieur, un parc, où une voix les invite à percevoir la chaleur de l’été, les grondements de l’orage à venir… dans un parcours où une réalité invisible (celle de l’exposition passée) s’agrémente d’éléments fictionnels.