10 days with Martin Ferniot - Galerie Isabelle Gounod

Le

De 18h00 à 21h00

Galerie Isabelle Gounod

13, Rue Chapon
75003 Paris
10 DAYS WITH ...
Martin FERNIOT

Vernissage le 22 avril 2017
Exposition du 22 avril au 6 mai 2017

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Des lectures de l’Iliade et de l’Odyssée(1) Martin Ferniot retient cette question sur le destin de l’homme : qu’est-ce qu’une vie bonne pour les mortels ? Sans doute précisément vivre moins, aimer moins et s’arrêter un peu plus.(2) Aussi, l’ensemble de ses dessins rassemblés à l’occasion de sa première exposition personnelle à la galerie Isabelle Gounod doit-il s’appréhender comme un voyage onirique et personnel dont chaque oeuvre constituerait une station, une pause nécessaire en guise d’antidote au péché d’hubris(3) qui nous menace.

Guidé par des intentions simples et délesté de toute forme de violence, l’artiste a ici puisé son inspiration dans le vaste corpus d’images disponibles en open source sur le site internet de la Public Library de New York qu’il se réapproprie pour composer des scènes réduites à l’essentiel que ne laissent pas d’influencer l’histoire de l’art, la littérature ou le cinéma. Les photographies anonymes et les scènes de compétition sportives prennent alors l’apparence de scènes bibliques, épiques ou symboliques : une mère à l’enfant console et se recueille, un équipage homérique
fend les flots à coups de rames, un homme allongé gît là entre mort et songe, comme un étrange dormeur du val(4).

La technique de Martin Ferniot qui mêle le crayon et l’aquarelle vient renforcer la gravité de ces images sans profondeur et toutes entières précipitées à la surface du papier. Aux hachures verticales de son dessin viennent en effet répondre les fondus de l’aquarelle, appliquée à la verticale et par couches successives pour obtenir de saisissants effets d’opalescence et qui, soumise aux lois de la pesanteur, vient cerner de ses coulures les personnages. Une lutte semble s’être engagée entre fond et figures, littéralement « liquidées » par leur propre environnement et dont l’évanescente présence grise a parfois même cédé la place à de simples trouées fantomatiques pour ne plus signaler
leur présence qu’en creux.

Le temps est ici suspendu, l’espace fuit de toute part et l’artiste se joue d’une indistinction suffisante pour toucher non pas à l’universel mais au très commun : les souvenirs d’une enfance à jamais habitée par la présence maternelle rassurante et le voeu formulé de devenir homme parmi les autres.

La série des « Premiers » (sculptures en céramique et bois) vient poursuivre cette réflexion sur le temps et ses marqueurs. La trace censée imprimer la validité d’un moment ou d’un accord, selon l’utilisation commune que l’on fait des tampons, demeure ici latente. Les figures sont en effet gravées dans le bois à l’endroit et se donnent donc à voir sans que l’action de les apposer par encrage ne soit plus nécessaire. L’objet rendu inactif figure alors par sa simple présence le résultat d’un geste que l’artiste lui refuse. Tout signale la disparition à venir : celle du geste, du signe, de l’objet lui-même enfin que l’usage condamne à l’usure et que le temps inexorablement érode, à l’image de ces forêts délavées dont le bois des « Premiers » pourrait être issu et que l’on retrouve de manière récurrente dans les dessins de Martin Ferniot. A la conscience d’un monde qui se délite s’accorde alors l’épiphanie des images en résistance. Et cette question qui demeure : de quoi peut-on encore prendre date ?

Thibault BISSIRIER, avril 2017


(1) Récits épiques du poète grec Homère. L’Iliade relate les événements de la guerre de Troie et l’Odyssée le retour d’Ulysse à Ithaque.
(2) Cette question de la « vie bonne » est ainsi formulée par Luc Ferry dans "L’Odyssée ou le miracle grec", premier volume de la collection "Mythologie et Philosophie" (2015).
(3) Terme grec que l’on pourrait traduire par « démesure » et qui désigne un sentiment violent inspiré des passions et de l’orgueil des hommes.
(4) "Le Dormeur du Val" est un poème d’Arthur Rimbaud qui joue sur l’ambiguïté de la description d’un jeune soldat allongé dans l’herbe et dont on ne sait s’il est mort ou endormi.

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