De 19h00 à 21h00
À la fois connecté via le numérique et détaché de l’employeur, le travail devient nomade et pose la question de son environnement affectif.
Pour cette conférence, l’entreprise mécène KPMG présentera un cas pratique et sera questionnée par un invité.
Dans le régime du salariat des sociétés occidentales de la deuxième moitié du XXe siècle, le temps de travail se mesurait spatialement, la présence d’un travailleur étant d’abord physique par la suite seulement psychologique ou attentionnelle.
Depuis, les transformations numériques se sont insérées dans un contexte de changement des disciplines de management du temps du travail et la priorité n’est alors plus donnée à la présence physique du travailleur mais à sa présence attentionnelle, à l’adhésion volontaire du travailleur plutôt qu’à sa servitude.
Dans ce contexte, la question du sens a transformé l’environnement du travail en accentuant ses éléments créatifs, en atténuant, ou en prétendant y parvenir, par des procédures inutiles et à faible valeur ajoutée. D’un côté la connexion des travailleurs : avec des plateformes d’échanges, des réseaux sociaux conçus spécialement pour le travail (Slack, Mattermost, Trello). D’un autre côté, le détachement du salarié vis-à-vis de son employeur, avec la fin des parcours de carrière linéaires, jusqu’à l’émergence de la figure du slasheur. Ce bouleversement a conduit à des transformations subtiles du référentiel de chaque travailleur. D’un monde sédentaire, on croit être en train de passer (ou de revenir) à un monde nomade.
Pour autant cette transformation est bien loin d’être apaisée ou linéaire. On croit constater une difficulté profonde : le travail nomade ne paraît pas convenir à des formes de production à faible valeur ajoutée, sans finir par produire des formes parfois extrêmes de précarisation.
Les rapports du travail numérique sont-ils surtout des rapports de force déguisés ? Les catégories qui composent la morale et le droit de nos sociétés occidentales sont-elles appropriées à des formes de vie nomades ?
Bibliographie
Jacques Attali, L’homme nomade, Fayard 2003
Luc Boltanski et Eve Chiapello, le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard 1999
Nicolas Colin et Henri Verdier, L’âge de la multitude, Armand Colin, 2015
Gilles Deleuze et Félix Guattari, Traité de nomadologie in Mille plateaux, édition de Minuit, 1980.
Antonio Casilli, En attendant les robots, Le Seuil, 2018
Informations
https://www.collegedesbernardins.fr/content/detaches-connectes-les-nouveaux-travailleurs-nomades
Source : Open Agenda
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