Première proposition du cycle Manger, Dévoration est un projet protéïforme. Il réunit une exposition photographique et les lectures performées de deux romans : Mise en pièces de Nina Léger et Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard.
Respectivement parus en 2018 et 2017, ils offrent deux portraits différents des actes de dévorer et d'être dévoré.e dans les rapports charnels : roman lesbien, Ça raconte Sarah embarque dans l’émotion brutale d’une passion qui prend corps dans l’acte même de manger ; Mise en pièces raconte, avec beaucoup d’humour, une addiction irrépressible aux fellations. L'installation photographique qui entoure les mises en voix est la réponse d'une artiste plasticienne à la plongée dans ces récits : elle structure l'espace scénique comme un reflet diffracté de ce qui s'énonce. Reprenant à son compte la notion de dévoration, Pia Ribstein exploite l'impact du visuel sur les imaginaires pour multiplier les possibles ouverts par les romans avec la pudeur des métaphores, ou plus de crudité.
Avec ces oeuvres, Dévoration confronte le public à ses normes, et le geste de ces artistes d'à peine trente ans s'impose comme une pierre posée à l'édifice d'une réinvention actuelle des identités sexuelles et amoureuses traditionnellement données à lire et à regarder. À l'instar de certains fragments des romans, quelques clichés pénètrent la sphère de l'érotisme et Dévoration questionne, à travers ces audaces, ce que l'on peut ou non partager publiquement dans une société où prolifère la culture pornographique, souvent sexiste et violente.
Mise en scène : Keti Irubetagoyena
Interprètes : Julie Moulier, Fatima Soualhia-Manet
Création musicale et interprète live : Sarah Métais-Chastanier
Photographe : Pia Ribstein
Collaboration culinaire : Kelly Paulme
Source : Open Agenda
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