l'Ecole des Femmes - Compagnie Les Géotrupes - Direction Artistique Christian Esnay - Théâtre Les Passerelles

La pièce secoue parce qu’elle est plus que l’histoire d’un ridicule, elle est celle d’un monstre, bien qu’amoureux. Car Arnolphe aime Agnès, certainement, mais d’une telle façon que cet amour n’a plus figure, ni force, ni chance d’amour. Molière repeint aux couleurs d’une folie spéciale, et extrême, le vieux pitch du cocu.

Comment peut-on se vanter de devenir le premier homme épargné par l’infidélité quand on aime aussi mal ! Les cornes qui le dégoûtent d’avance, c’est comme s’il les avait déjà, ce n’est qu’une question d’heure. L’heure, justement, que nous passons, nous, spectateurs, à voir chaque geste qu’il fait pour les écarter de son front.

Et de quelle école est-il question dans L’Ecole des Femmes ? Allez savoir. Il y a bien sûr l’école drastique, imaginée par Arnolphe, déclinée en règlements qui sont autant de commandements, et dont Agnès est l’unique pensionnaire et recluse. C’est aussi cette école ouverte, comme gouvernée par un dieu ivre, qui convoque le hasard, qui parasite les projets, paralyse les intentions, produit les accidents, agence les bizarreries et favorise les rencontres.

Quel titre bizarre Molière a trouvé pour sa pièce, par conséquent ! Car ce n’est plus une future femme qui a à apprendre du maître à devenir son épouse dévouée, c’est un futur mari qui a à apprendre d’une déjà femme à cesser d’être son maître omnipotent. Comment donc résister au défi que rapprochent forcément l’amour d’Arnolphe pour la petite Agnès, comme en miroir de l’amour de Molière pour la petite Béjart ?

Attachée à la transmission et au partage, la Compagnie des Géotrupes concrétise la volonté de Molière de porter le théâtre comme un « art démocratique », affichant ainsi l’affirmation sans cesse réinventée de fabriquer un théâtre populaire et exigeant.

Une mise en Scène de Christian Esnay.

Dossier du spectacle