Carcasse, personnage aussi fragile qu’obstiné, se tient debout sur un seuil. On ne sait rien de lui, sauf qu’il voudrait le franchir mais qu’il ne sait ni pourquoi ni comment le faire. Ce parent de Plume de Michaux est aux prises avec le monde. Il voudrait être contre, mais il doit faire avec. Et si cette embarrassante contradiction était, pour Carcasse comme pour nous, le seuil à franchir ? Après L’Institut Benjamenta de Walser et Longueur d’ondes, invités au NEST, Bérangère Vantusso s’empare du long poème de Mariette Navarro Alors Carcasse qui, avec humour et par traits successifs, invente cet étrange personnage. A la manière des récitants du théâtre de marionnettes japonais, cinq ou six acteurs, marionnettistes et danseurs, le font exister, à plusieurs voix, sans jamais l’incarner. Ils font résonner le corps de Carcasse « au milieu de son époque » et entouré de « Plusieurs ».
Cousin des personnages de Walser, ce héros immobile et fascinant, est une méditation sur « le plus puissant des actes » : s’arrêter, refuser de participer au flux du monde et tenter de se construire en dehors du regard des autres.
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