THÉÂTRE - ROUGE - Thionville

D’emblée, nous voilà plongés au milieu des années 50 dans l’atelier new yorkais du peintre Rothko, restitué sur scène dans toute sa réalité. Le rouge est là, vibrant, envahissant tout l’espace. Rothko, artiste majeur, avec Pollock, de l’expressionnisme abstrait américain, fait appel à un aide pour honorer une bien singulière commande. S’ensuit alors une confrontation implacable, parfois teintée d’humour, entre l’artiste vieillissant au faîte de sa gloire et son jeune assistant. Effrayant d’exigence, Niels Arestrup est Rothko dans sa totale démesure ; angoissé par le noir inéluctable, assénant ses vérités, criant sa souffrance. Face à lui, Alexis Moncorgé/Ken, impressionnant de justesse et de subtilité, ébranlera à son tour le maître, lui renvoyant, sans concession, ses pathétiques contradictions. La séquence superbe, où sur la musique de Bach, les deux hommes jettent ensemble le rouge sur l’immense toile blanche révèle pourtant,au-delà de la fracture, leur attachement réciproque.