Dans le cadre du Festival Le Printemps de Septembre 2021
Une libre adaptation de Showgirls de Verhoeven pour une seule actrice ? Pour qui a vu ne serait-ce que quelques images du film de 1995, le pari semble aussi vertigineux qu’exaltant. D’autant plus si l’on sait que l’actrice est Marlène Saldana, et que toute sa partition, écrite en décasyllabes avec Jonathan Drillet, sera chantée et dansée sur une musique techno de Rebeka Warrior : une matière explosive, autour d’un immense volcan à paillettes édifié en plein Las Vegas. Film maudit pour son réalisateur, honni par bien des spectateurs, Showgirls trouve un second souffle comme précurseur involontaire de l’esthétique queer. Une étonnante alliance de naturalisme cru et d’hyperstylisation, qui projetait sa jeune actrice sur une étroite ligne de crête : entre nudité frontale et jeu expressionniste dirigé façon Eisenstein pour Ivan le Terrible, sa carrière fut brisée. Ainsi, dans la fiction et en dehors, corps surexposés, violence et artificialité retournent l’American dream comme un gant et avec lui, les excès d’un monde occidental auquel nous n’échappons pas. Comme toujours dans leurs créations, les deux artistes abordent le sujet par l’invention d’une forme : discours saturé où toutes les voix sortent d’une seule bouche, musique aux boucles obsédantes, scénographie associant outrance et épure, danse jazz des années 90. Excentricité et humour se mêlent ainsi à des techniques formelles savantes pour quelques enjeux brûlants de notre monde iconoclaste, tout en proposant aux spectateurs une expérience joyeuse et turbulente.
Les 17 & 18 septembre à 20h30
Durée : 1h30
Source : Open Agenda
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