Avant le spectacle, ce n’est pas le spectacle. C’est même tout sauf poétique : des techniciens s’affairent à équiper la salle, le pas est pressé, l’ambiance est à la concentration. C’est l’intériorité qui dresse le couvert pour l’expressivité. On se figure aisément un technicien du spectacle vêtu de noir, barbu sans doute, équipé d’un talkie-walkie et prononçant des termes incompréhensibles pour le béotien. Quoi de plus éloigné donc du spectacle que l’avant-spectacle ? Alice Laloy ne voit pas le problème. Dans une boîte noire, elle met face à face cette tribu de l’ombre qu’on appelle parfois « les roadies » et des enfants, comme pour observer la réaction chimique. « L’adulte en contact de l’enfant convoque en lui-même sa propre tendresse. Comme si, face à l’enfant, l’adulte s’adoucissait » pressent-elle. La rencontre va dépasser ses attentes puisque la tendresse ainsi produite va se matérialiser en… Poils.
En plus d’une ode et une initiation à la manipulation de flightcases, À Poils prend à rebrousse-câbles les préjugés. Les techniciens bourrus sont finalement affables, l’espace sombre se pare de couleurs vives, et le concert de rock, pour lequel déjà des guitares électriques s’épanchent, n’est qu’un prétexte pour créer un moment de confrontation fertile, un moment doux comme du poil.
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