Sade 1772 : Les empoisonnées de la rue d’Aubagne - Cité Des Associations

En cette fin du mois de Juin 1772, une rumeur se répand comme une traînée de poudre dans la rue d’Aubagne, et progressivement dans toute la ville : On aurait tenté d’empoisonner des filles de petite vertu mais qui n’en étaient pas moins bonnes chrétiennes et fort estimées du voisinage. L’affaire était sérieuse, mais elle prit très vite une ampleur démesurée du fait même de la personnalité de celui que l’on accusait de ce méfait, un gentilhomme provençal, le Marquis de Sade, rejeton de l’une des plus illustres familles de Provence. Accusé d’inaction, Monsieur Mende, le procureur du Roi, finit par réagir et pour en savoir plus sur cette étrange rumeur, chargea le lieutenant général Chomel de se rendre au plus vite chez Marguerite Coste, la principale victime de cet hypothétique empoisonnement.


C’est ainsi que commença l’une des plus rocambolesques affaires du début du règne de Louis XVI, une affaire que Claude Camous décortique minutieusement en soulignant ses conséquences politiques néfastes pour le régime, car à travers Sade, c’est la Noblesse toute entière qui sera accusée des pires turpitudes et de tous les abus, moins de vingt ans avant que n’éclate la Révolution.



Inculpé pour empoisonnement et sodomie, Sade sera enfermé à Vincennes puis à la Bastille pendant treize ans, libéré en 1790, puis enfermé de nouveau en 1801. C’est en prison qu’il écrira la plupart de ses romans dont « Justine », cette héroïne dont la vertu fit le malheur. Il restera pendant très longtemps le symbole d’une société pervertie et immorale, celle de l’Ancien Régime, qui connut son épanouissement à la fin du règne de Louis XV et sous la Régence.