Une analyse méthodique et scrupuleuse des représentations de l’Arlésienne au fil du temps.
Pour dresser un constat des représentations de l’Arlésienne au fil du temps, irréalisable de manière exhaustive, il a été indispensable de se tourner vers toutes les formes d’iconographies avant d’aborder l’étude des photographies. L’image en deux dimensions reste toutefois majoritaire par rapport à la représentation tridimensionnelle.
Des centaines de documents ont été analysés (plus de 650). Faire le tri dans toute l'iconographie à laquelle nous avons eu accès, n'a pas été aisé et seuls les recoupements dans la multiplicité ont permis un peu d'assurance.
Les représentations réalistes des femmes costumées sous forme de dessins, peintures, lithographies, photographies restent les plus accessibles, bien qu’elles ne proposent que des vues partielles, c’est-à-dire de face ou de trois-quarts. Bien plus complètes sont celles en trois dimensions, comme les sculptures, poupées de mariage, santons anciens, qui permettent d’étudier le dos et le profil. Mais elles sont malheureusement trop peu nombreuses et pas toujours crédibles à la fin du XIXe siècle.
Au fil des fiches analytiques présentées, on retrouvera des images connues sur lesquelles nous avons porté un nouveau regard. Sur certaines, ce sont des détails infimes, forts intéressants mais passés inaperçus qui méritent néanmoins qu’on s’y arrête. Parfois, il fut inutile d’être très perspicace pour déceler les anomalies, les erreurs, les déformations, les élucubrations et fantasmes projetés sur « l’Arlésienne support ».
À part quelques groupes de femmes « saisies sur le fait » à un moment ou à un autre de leur vie, la plupart se sont volontairement « offertes en spectacle » à la demande d’un peintre, d’un sculpteur, d’un photographe… Comment cerner leur état d’esprit ou entrer dans leurs pensées avant d’être modèle ? Ont-elles eu conscience que l’image qui allait naître de leur rencontre avec l’artiste serait à jamais une trace de leur personne, un instantané de leur vie, un repère dans le passé, un reflet de leur propre histoire ? Cette rencontre n’a jamais pu être fortuite, inattendue. Forcément, le modèle y a songé, s’y est préparé, et a délibérément opté pour une présentation d’elle-même qui soit flatteuse, avantageuse, au goût du jour. L’Arlésienne, dont on connaît la légendaire coquetterie, n’aurait certainement pas accepté d’être représentée dans une tenue qu’elle n’aurait pas cautionnée !
Il faudra attendre l’avènement de la photographie « de reportage » pour voir des femmes en tenue traditionnelle fixées au naturel, piégées dans leur quotidien. Pour les portraits, la « photo-carte de visite » restera de loin le témoignage le plus prolifique et le plus fidèle de la deuxième moitié du XIXe siècle, jusqu’à ce que la mode française supplante la vêture traditionnelle.
Notre propos sera donc axé sur la « lecture d'images » et les pièges sous-jacents qu’elles renferment. Aiguiser l’œil du lecteur et affiner son approche est notre modeste but.
Calendrier des autres présentations : dimanches 16 février, 23 mars
et 13 avril à 10 h dans la même salle.
Source : Open Agenda
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