Sanlé Sory saisit ainsi la collision frontale opérant entre la vie moderne et les traditions rurales. Heureux, libres ou insouciants, ses sujets évoquent aussi le quotidien, parfois mélancolique, des villes enclavées du continent africain. La jeunesse urbaine s’affranchit peu à peu des carcans d’une société voltaïque encore très rurale.
Originaire du sud-ouest du Burkina Faso, où il est né en 1943, 1948 pour l’état civil, Sanlé Sory travaille comme apprenti du photographe ghanéen Kodjo Adamako à partir de 1957. Il œuvre d’abord à la chambre, avant d’apprendre à photographier et à développer ses images lui-même. Aidé par son cousin, Sanlé Sory ouvre son premier studio photographique en 1960, quelques mois avant l’indépendance de son pays qui devient la République de Haute-Volta le 5 août 1960. Armé de son Rolleiflex, il documente alors le bonheur d’une liberté retrouvée. Lorsqu’il inaugure son premier Studio Volta Photo dans le quartier de Diaradougou au printemps 1960, la République de Haute-Volta n’est pas encore indépendante. L’indépendance du pays le 5 août 1960 coïncide avec une effervescence et une insouciance inouïe. La Haute-Volta se développe rapidement au niveau économique et sociétale. Tout semble alors possible, dans de nombreux domaines. Chroniqueur social, il chronique l’évolution des mœurs et des modes des habitants de Bobo-Dioulasso, capitale économique et culturelle du pays, qu’il saisit avec son appareil moyen format.
En 2011, il rencontre Florent Mazzoleni qui travaille alors à un livre sur les musiques modernes du Burkina Faso. Ensemble, ils commencent à regarder et à explorer les vastes archives de Volta Photo. Ce travail permet à Sory Sanlé d’exposer ses images à travers le monde. Ses images saisissent avec beaucoup d’esprit, d’énergie et de passion, les habitants de sa région natale. Nimbées d’une élégance naturelle, ses photographies de Bobo-Dioulasso évoquent l’adage de Renoir selon lequel « plus c’est local, plus c’est universel ». Archivées et préservées depuis sept décennies, les photographies de Sanlé Sory entretiennent la flamme d’une effervescence culturelle unique en son genre.
Source : Open Agenda
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