Deux artistes sont dans leur loge. Ils se préparent tranquillement à monter sur scène. Ils se parlent avec respect, sur un ton exagérément affable. Ils échangent sur l'actualité, sur la vie, leur vie. Ils profitent du calme de cet espace protégé, de ces instants précieux et intimes. Ils improvisent des chansonnettes. Ils s'autorisent ce qu'ils ne devraient pas, naviguent entre indécence, poésie et autodérision. Ils s'affranchissent de la bienséance qu'ils auront peut-être face au public. Rien de tel pour évacuer le trac. Deux artistes sont dans leur loge et plongent avec délectation dans l'inavouable. Une chanson, c'est déjà un aveu, une confidence. Mais quel tamis pour filtrer ce qui mérite d'être chanté ? Seul avec notre guitare, on est souvent notre propre censeur, intransigeant voire un peu pleutre. Quand on écrit à deux à l'inverse, les mailles s'élargissent. On peut aller plus loin. À deux on s'autorise, on aborde des thèmes qu'on n'aurait pas assumés seul. A deux, quand on est sur le fil, on craint moins de perdre l'équilibre. On peut vraiment plonger dans l'inavouable et en rire. Surtout en rire.
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