Le théâtre d'objets et de figures de la compagnie Karyatides sied particulièrement aux grandes uvres de la littérature. Après Carmen, Madame Bovary et Les Misérables, la pièce donne vie au mythe de Frankenstein à travers un défilé de personnages qui racontent, commentent, cherchent, souffrent, rient. Une histoire fascinante et rocambolesque dans un monde immensément petit à la beauté sidérante. Dans une pénombre obsidienne, avec seulement quelques objets pour tout décor (buste, crucifix, livre, poupée, carafe d'eau) et quelques notes de piano jouées en direct, chants et textes s'enchevêtrent dans cette version opératique et théâtrale du célèbre livre de Mary Shelley. Cette adaptation contemporaine du roman de science-fiction propose deux lectures, l'une scientifique, l'autre métaphorique, par le jeu habile de l'interprétation et de la manipulation. Les objets manufacturés, ramassés ou fabriqués, manipulés avec délicatesse par les deux comédiens, portent en eux la charge poétique nécessaire au souffle de l'imaginaire : il suffit alors de regarder pour comprendre, de s'étonner pour s'émerveiller. Et s'interroger sur ce que sont - ou devraient être ? - les limites humaines, en termes de justesse, de justice, de responsabilité et d'engagement . Car Frankenstein est avant tout un petit garçon révolté contre la mort qui façonne une créature puis l'abandonne avant qu'elle ne passe de victime à bourreau.
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