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CEFCM

29900 Concarneau

L’immatriculation

Au milieu du XIXe siècle, alors sommés d’inscrire un numéro à l’avant de leur embarcation, les pêcheurs du Finistère profitent bientôt de la contrainte pour inventer une fabuleuse écriture aux formes marines. Chaque quartier maritime de Cornouaille présente ainsi un lettrage propre, ou du moins des spécificités remarquables dans le dessin des chiffres et des lettres initiales – parfois si enjolivées qu’elles tiennent du logotype avant l’heure ! Peints et gravés dans le bois, ces signes font très tôt l’unanimité chez les gens de mer, au point que le style breton, que l’on appelle « à barbes », se répand jusqu’aux Sables-d’Olonne dès les années 1910.

Le cas de Concarneau

Situé à la frontière des deuxième et troisième arrondissements maritimes, Concarneau subit de nombreux changements de statuts : d’abord sous-quartier de Quimper en 1812, le port dépend ensuite de Lorient jusqu’en 1855, puis repasse sous-quartier de Quimper jusqu’en 1882, année de son émancipation définitive. Les marins du quartier de Concarneau – qui englobe les havres allant de la commune de Bénodet jusqu’à la rive droite du Belon – peuvent (enfin !) troquer les initiales Q.C. pour les iconiques C.C.

Ce changement, très symbolique, explique en partie le désir des patrons de soigner les marques extérieures de leur chaloupe, cette immatriculation étant – avec l’emblème et le nom du bateau – un des rares espaces d’expression et d’ornementation capable de distinguer une unité de toute la flottille. Vers la fin des années 1880, les photographies montrent un changement net dans la façon de concevoir ces inscriptions à Concarneau : il ne s’agit plus de marquages stéréotypés ou malhabiles mais de créations graphiques audacieuses et parfaitement exécutées… la compétition avec les marins du pays Bigouden ou de Douarnenez ne se joue plus seulement à la course au poisson, mais également au sec, pinceaux en main.

La conférence propose, grâce à l’examen de nombreux documents photographiques d’époque, d’observer et d’expliquer la succession de changements stylistiques dans les ports du quartier de Concarneau. Faut-il y voir l’intervention d’un des artistes de la colonie fondée par les peintres Alfred Guillou et Théophile Deyrolle ? Ou la main d’un peintre en lettres ? Ou est-ce, finalement, la nouvelle génération de pêcheurs concarnois, plus instruite depuis que l’école est devenue obligatoire, qui veut se distinguer de la précédente en affichant son “goût ” ?

Yoann De Roeck (né en 1978, vit entre Montreuil et Douarnenez) est graphiste, enseignant en design éditorial et doctorant en épigraphie. Ancien chercheur à l’Atelier national de recherche typographique (ANRT, Nancy, 2001 – 2002) puis pensionnaire de la Villa Médicis (Rome, 2004 – 2005), il exerce aujourd’hui à son compte et enseigne depuis de nombreuses années (notamment à l’Esad Amiens jusqu’en 2015 et désormais en DSAA à Montreuil). En novembre 2021, Yoann De Roeck débute une thèse sur les immatriculations de bateaux dans le Finistère à la fin du XIXe siècle, menée conjointement à l’École pratique des hautes études (EPHE) sous la direction du paléographe Marc Smith, et à l’ANRT sous la direction de l’historienne de la typographie et type-designer Alice Savoie.

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