Feda Wardak est un artiste et architecte afghano-français. Ses œuvres prennent la forme d’installations discrètes ou monumentales, pérennes ou éphémères, à la croisée d’autres disciplines comme le film et le spectacle vivant. Ses dispositifs artistiques interrogent nos modèles d’organisation et de gestion du territoire.
Avec Chercheurs d’eau, un cycle de projets dont son exposition personnelle au Cairn fait partie, Feda Wardak présente une partie des recherches qu’il mène depuis 2012 en Afghanistan sur les impacts de l’impérialisme techno-libéral dans son pays natal.
À la question universelle du changement climatique et de la raréfaction de la ressource-eau, prégnante en Afghanistan, l’artiste adjoint le récit de la guerre et de ses blessures visibles sur les sols et les corps.
Les kârêz, systèmes millénaires d’adduction d’eau permettant l’agriculture en cherchant l’eau des nappes phréatiques perchées dans les montagnes, sont détruits ou fragilisés par des bombardements de drones. Les civils, notamment ceux qui tentent de réparer les tunnels ou de chercher de l’eau, sont indistinctement pris pour cible. Sols et corps incarnent l’envers et la face d’une même tragédie causée par une domination déshumanisée qui opère depuis le ciel.
Dans une grande installation minérale dont la plupart des matériaux viennent de la région de Digne, Feda Wardak nous raconte une histoire narrée d’un point de vue afghan. Des gravières, des corps brisés en plâtre, des sources exsangues et un dispositif sonore nous donnent à sentir cet ailleurs marqué par les conflits, si souvent éloigné de nos médias comme de nos préoccupations.
Cette œuvre immersive, nourrie de récits de sourciers et de montagnes inaccessibles, attise notre imaginaire entre correspondances locales avec la Haute-Provence et l’implacable contraste avec la situation en Afghanistan.
Source : Open Agenda
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