Conversation avec Thierry Pécou, Marie Claude Striegler, Laura Tohé, Rex Jim. « La culture Navajo en écho aux préoccupations occidentales contemporaines »
Nahasdzáán : « la Terre » en langue navajo, littéralement « celle qui est la femme », ou « la terre-féminine ». Le monde scintillant : ou le monde blanc, « Nihalgai », 4e, ou pour certains, 5e monde de la cosmologie navajo.
Les Indiens Navajo ont élaboré une vision du monde fondée sur Hozho, un terme signifiant tout à la fois beauté, harmonie avec l’environnement et le cosmos, et équilibre des liens sociaux et familiaux. La société traditionnelle navajo déploie toute son énergie à préserver Hozho dont les garants sont les hommes et les femmes médecine qui sont appelés à mener d’impressionnantes cérémonies de guérison nommées Voie ou Nuit.
Au plus près du livret écrit par la poétesse navajo Laura Tohe, l’oratorio Nahasdzáán composé par Thierry Pécou se veut une libre re-création de cette Voie navajo, interrogeant les déséquilibres sociaux et environnementaux que l’homme contemporain inflige à une Terre nourricière en quête de guérison.
Création singulière évoquant les quatre mondes successifs des Navajos, liés aux quatre aspects fondamentaux de l’être humain -le mental, le corps, l’esprit et le social-, Nahasdzáán mêle chant, musique, danse et animaux sur scène. Les danseuses, incarnant l’esprit de Femme changeante, divinité centrale des navajos, se laissent habiter par des énergies mutantes, tantôt animales, tantôt homme ou femme, à la fois viscérales et spiritualisées.
La présence des animaux quant à eux (loup, aigle, vautour, chouettes), sujets essentiels de la mythologie navajo et expressions d’une autre mode de présence, une autre réalité d‘espace-temps, vient rappeler l’enchevêtrement des mondes et des espèces… dans une même inquiétude quant au rétablissement de l’harmonie sur notre planète. Qu’en est-il, qu’en sera-t-il de ce ‘monde scintillant’ marqué par la spiritualité, alors que la terre-mère Nahasdzáán est devenue un bien exploitable sans vergogne pour l’homme moderne ?
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