Conversation avec les artistes du groupe No Tongues, Florent Wattelier, ethnomusicologue (Confluences) et Jean Michel Beaudier, spécialiste de la Guyane (sr). La rencontre « transculturelle » avec les artistes amérindiens de Guyane
L’écoute est au centre de la démarche du quartet NoTongues. Leur album Les Voies du monde, inspiré du fameux disque de collectage Les Voix du monde de 1996, les avait déjà immergés dans les répertoires de chants ancestraux issus de traditions orales séculaires de l’humanité. Il avait trouvé un large écho auprès des médias et du public, tant en France qu’à l’étranger.
Avec les Voies de l’Oyapock, c’est d’une rencontre directe avec des peuples qu’il s’agit. A la faveur de leur travail avec l’ethnomusicologue Florent Wattelier, ils sont partis en Guyane, sur les rives du fleuve Oyapock à la frontière de la Guyane et du Brésil, afin de collecter des dizaines d’heures de sons parmi les communautés amérindiennes Teko et Wayampi : chants traditionnels, contes fondateurs, cris des enfants sur les berges du fleuve, chants de préparation de la bière au manioc par les femmes, flow hip-hop des adolescents, chants de guérison du chaman, crépitement des averses soudaines sur la tôle , coassement des crapauds, cacophonie des insectes.... Ce fut pour eux une expérience poétique et sensorielle unique dans une vie encore connectée aux savoirs anciens, au cœur d’une nature puissamment présente.
L’écoute, l’immersion profonde dans les enregistrements collectés, puis leur copie et le sampling musical prolongés dans l’esthétique brute et minimaliste propre au quartet ont ensuite forgé cette création, re-création en fait, surprenante, hypnotique.
Une écriture contemporaine traversée du pouls d’un fleuve guyanais et des vibrations des communautés qui peuplent ses rivages : fascinante réussite d’une mixité dans un espace-temps partagé.
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