Le cahier de Danièle Kahn, la guerre à hauteur d’enfant cachée - Musée De La Résistance

La guerre à hauteur d’enfant cachée, le cahier de Danièle Kahn

Le parcours d’une enfant juive cachée pendant la Seconde Guerre mondiale

Danièle Kahn a 12 ans lorsqu’elle revient chez elle à Asnières après ses cours au lycée Racine à Paris le 2 mars 1944. Des scellés sur la porte close de la maison familiale et sa vie bascule tout d’un coup. Des voisins la préviennent que la police est venue arrêter toute sa famille : ses parents, sa grande sœur, son petit frère ainsi que son oncle et sa tante qui vivaient avec eux. Prise en charge par une chaîne de personnes, elle est protégée, son étoile jaune est brûlée, elle change de nom et devient Danièle Martin. Elle est envoyée dans un petit village de Bourgogne, le Petit Jailly pour y être cachée par Germaine Lefebvre et elle y reste plus d’un an, même après la Libération. Peu de temps après son arrivée en Côte-d’Or, elle commence la rédaction d’un journal adressé à sa famille pour leur expliquer ce qu’elle vit en leur absence. Elle n’a jamais pu leur montrer ce cahier car tous les membres de sa famille arrêtés, internés à Drancy, sont déportés par le convoi n°69 dès le 7 mars 1944 puis massacrés à Auschwitz.
Le document exceptionnel du cahier de Danièle Kahn offre le regard d’une enfant au jour le jour sur cette histoire avec ce que cela implique de difficultés mais aussi de résilience et de force de vie. Il dépeint avec une verve authentique et des dessins expressifs un monde qui s’écroule et ce nouveau monde rural qu’elle découvre. C’est la traversée de la fin de la guerre vue à hauteur d’enfant avec ses enjeux politiques (résistance, débarquement, arrivée des Américains) mais aussi ses enjeux individuels (amitiés, jeux d’enfants, manque de sa famille).
Au-delà du parcours individuel de Danièle, l’exposition abordera les grands sujets qui traversent cette histoire : une famille juive bien intégrée avant le conflit (le père a fait la Première Guerre mondiale), le statut des Juifs pendant la guerre (en particulier à Paris), les rafles, le camp d’internement de Drancy, les déportations à Auschwitz, les enfants cachés (avec un parallèle sur la situation en Limousin), les résistances (en particulier le réseau Renard à Poitiers dont faisait partie Théodore Lefebvre, le mari de Germaine), la vie à la campagne pendant la guerre, les Justes.
Danièle fait partie des 60 à 70 000 enfants cachés de France qui ont ainsi échappé aux rafles et à la mort grâce à l’action de personnes qui ont risqué leur vie pour les aider, souvent sans même avoir connu la famille. En se recentrant sur un parcours individuel, c’est l’occasion de replacer l’humain au centre ainsi que les responsabilités citoyennes de chacun.
Les deux commissaires d’exposition pour cet évènement.
Didier Roten, fils de Danièle Kahn, réalisateur et producteur du documentaire, a précédemment réalisé une quinzaine de films, dont plusieurs abordent la Seconde Guerre mondiale, la Shoah et les questions de mémoire.
Thomas Duranteau, historien, auteur et illustrateur, avait déjà travaillé sur ce conflit à travers un carnet de voyage graphique dans les camps d’extermination nazis, des séquences d’animation dans un film sur les pendus de Tulle le 9 juin 1944 et une exposition de sculptures au Musée de la Résistance de Limoges en rapport avec les collections du musée.

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