La pluie, entre chien et loup, un homme, un sac, éventré. Le narrateur demande un abri pour la nuit. Dans la pensée de Koltès, la solitude est le noyau de tout. Il faut donc trouver quelqu’un. Alors dans cette nuit, quelqu’un parle, se plaint, supplie, mais personne ne lui répond. Il fuit des drames récents, il n’a plus rien. Volubile, le narrateur nous apprend qu’il est victime, il parle pour tenir, résister, il vous prend le bras, vous retient, vous ne pouvez interrompre son débit, et pour cause : vous êtes le spectateur saisi et ému par cette parole essoufflée, par cette demande d’amour. Il est à la marge, juste avant les forêts. À la lisière ? Est-ce cela le désir de rejoindre le monde pour y devenir invisible ? Ou les forêts seraient-elles la tentation du retour au sauvage ? Nous sommes à la marge. Ce texte a été dans l’histoire du théâtre du XXe siècle, un tournant majeur dans l’écriture contemporaine. Ce soliloque est organique, il invoque la puissance de la parole : elle sauve. Spectacle programmé dans le cadre de l’Arbre en fête, et du programme Plantons 1 millions d’arbres de Bordeaux Métropole.
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