Exposition "En forêt, de la gestion à l'évasion" - Salagon, Musée Et Jardins

En forêt, de la gestion à l'évasion

Le prieuré de Salagon, labellisé ethnopôle depuis 1996 vous propose de découvrir l’exposition « En forêt, de la gestion à l'évasion » avec les photographies de Vincent Munier et en collaboration avec le musée des Confluences. Elle se déroule du 3 juillet 2025 au 14 décembre 2026.
Cette exposition propose d’explorer l’évolution de notre relation à la forêt depuis la fin du XIX e siècle. Grâce à des objets du musée de Salagon, des photographies, des films, des archives, des tableaux prêtés par des musées partenaires, des œuvres artistiques, l’exposition propose un récit sur l’histoire des forêts à l’époque contemporaine. La forêt n’y est pas abordée sous un angle naturaliste mais dans une perspective pleinement anthropologique. C’est la relation entre l’humain et la forêt qui est explorée, sans aucune prétention d’exhaustivité, en proposant un regard. Sous la forme d’un parcours, elle interroge d’abord l’évolution de l’exploitation et de la gestion forestière dans les Alpes du sud. Elle immerge dans les métiers d’autrefois (comme le charbonniers de la montagne de Lure) qui ont évolué ou ont fini par disparaître. En même temps, les révolutions industrielles favorisent une industrie du bois considérable qui finit par s’estomper au milieu du XXe siècle. Aujourd’hui, jamais nos régions – et la France entière - n’ont connu autant de couvert forestier. Cette évolution est le fruit des grands plans de reboisement entrepris depuis la fin du XIXe siècle combinés à des évolutions structurelles : l’exode rural, la désertification des campagnes, le déclin du pastoralisme et le recul de l’agriculture. Nos paysages ont considérablement évolué et les forêts n’ont jamais été aussi étendues. Souvent peu gérées, morcelées et peu exploitées, développés de façon foisonnante depuis un siècle, elles sont aujourd’hui fragiles et vulnérables. L’exposition interroge ainsi, dans le contexte de la crise écologique, comment les forêts peuvent aujourd’hui être mieux gérées et en quoi elles sont un potentiel pour le développement de filières durables d’avenir.

Mais dans le même temps, l’exposition montre aussi que notre relation à la forêt est aujourd’hui fortement marquée par une sensibilité plus urbaine et romantique. La forêt incarne la nature même. Cette vision est née à la fin du XIX e siècle, avec le mouvement romantique. Artistes, écrivains, peintres se passionnent alors pour les forêts et diffusent ce nouvel imaginaire de la nature sauvage. Forêt-loisir, forêt-ressource ou contemplative, l’image de la forêt évolue alors sous l’impulsion d’artistes et d’une élite. Certaines forêts comme Fontainebleau deviennent un patrimoine, l’expression d’une esthétique et accompagnent aussi les premiers temps du tourisme. Une nouvelle sensibilité émerge, comme en témoigne les premières mobilisations pour lutter contre les coupes d’arbres. En Provence, les clubs de randonnées s’épanouissent, comme la Société des excursionnistes marseillais dont les membres s’adonnent à la randonnée dans le massif de la Sainte-Baume, l’Isère ou la montagne de Lure. Dans une société qui s’urbanise, la forêt incarne aussi le lieu où l’on peut respirer le bon air et s’imprégner d’une nature épargnée.

Découlant de cette évolution, l‘exposition interroge les nouveaux usages des forêts à une époque où elle apparait comme une ressource et un refuge. En témoigne l’engouement pour les bais de forêts, la sylvothérapie, l’essor de loisirs (accrobranche) qui montrent un rapport plus ludique, ou d’autres pratiques moins connus. Mais la forêt contemporaine, en proie au défi climatique, cristallise aussi des oppositions et des mobilisations, parce qu’elles représentent l’image même de la nature et du sauvage qu’il convient de préserver. Les forêts s’associent à un fort attachement dans une époque où, plus largement, la sensibilité à la préservation des arbres s’est considérablement amplifiée.
Et c’est justement cette attachement et cette admiration pour cette nature sauvage qui sera présentée dans la dernière partie de l’exposition. Le parcours s’achève en effet dans une ambiance immersive avec les photographies de Vincent Munier. Des photographies de la faune sauvage (oiseaux, félins, cerfs…) accompagnées d’une ambiance sonore immergent le visiteur dans l’imaginaire des forêts et dans le lien que l’artiste entretient avec celles-ci. Passionné par les forêts depuis son enfance, Vincent Munier démontre aussi, à travers son travail, sa conception de la photographie. Il a observé pendant des jours et des nuits cette profusion de vie sauvage dans les forêts des Alpes du Nord et des Vosges. Les photographies présentent ainsi cette vie sauvage que nous ne voyons que très peu, en proposant une sorte de récit du crépuscule à l’aurore. Ce travail photographique a été réalisé initialement dans le cadre de l’exposition En forêt, pour le Musée des Confluences (Lyon). Il est donc présenté grâce à un partenariat entre le musée de Salagon et le musée lyonnais.
Dans chacune des salles, des jeux permettent aux enfants et aux familles d’approfondir les thématiques de l’exposition de manière ludique : jeux de construction, dessin, quizz, jeux de reconnaissance…Les enfants pourront aussi découvrir l’univers de la faune sauvage des forêts à travers des dispositifs vidéo réalisés par Vincent Munier.

L’exposition « En forêt, de la gestion à l’évasion » est réalisée avec l’agence de scénographie L’omnibus, basée à Volx (04).