En France, le couple polices-justices et mouvements de contestation est enfermé dans un tête à tête contradictoire qui semble tourner à vide : si le rejet des violences policières est le principal vecteur de politisation depuis 2016, c'est par la répression policière et judiciaire que les mouvements sont contrôlés et stoppés. La répression appelle toujours plus de contestation qui appelle toujours plus de répression comme dans une danse macabre qui a trouvé son acmé à l'été 2023 après la mort de Nahel Merzouk. Récemment, les révoltes menées par une avant-garde afro-américaine nous ont montré la voie pour libérer nos imaginaires du face-à-face avec la milice d'Etat : la perspective abolitionniste, en plus d'offrir de véritables perspectives d'affaiblissement de la police et de la justice, permet d'imaginer une autre organisation de la société basée sur l'autogestion, le care et l'entraide.
Edité l'année dernière aux éditions LUX, "Brique par brique" est un essai d'histoire générale retraçant les réflexions et les mobilisations abolitionnistes occidentales, les rapports qu'elles entretiennent entre elles et la circulation internationale des idées et des pratiques militantes. La richesse du livre est d'articuler en permanence la réflexion sur l'injustice du système pénale à des propositions de mesures anticarcérales et aux pratiques populaires de réponses sociales aux actes qualifiés de "crimes". Le livre peut donc servir de support à une réflexion sur des stratégies d'affaiblissement de la police (et du complexe carcéral), de relais de la parole des prisonniers et apporter des réponses à des défis tels que la violence inter-quartier.
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