Célia Muller
La Neige en août, chapitre 2
extrait du texte de Marie Cantos
Texte que vous pouvez retrouver dans son intégralité sur notre site :
Laconserverieunlieudarchives.fr
"Demain est un autre jour, série.
Bien sûr, le feu, ce n’est pas que la catastrophe, l’incinération.
C’est le foyer, l’être ensemble.
C’est une histoire où l’on se retrouve.
Mais quiconque a eu à faire du feu le sait : on se doit de veiller sur lui.
Parce qu’un feu qui s’éteint peut installer un froid mortel, et qu’il doit être nourri, comme un enfant.
Parce qu’un feu, même éteint, peut reprendre. Qu’il suffit d’un craquement, d’une braise qui s’échappe. Qu’il vaut mieux rouler le tapis, dormir près de l’âtre, sur le canapé, ne pas trop s’éloigner.
On veille sur un feu pour les mêmes raisons qu’on veille et les vivant·es et les mort·es.
Un feu — des gestes.
De l’entretien.
Comme on entretient des plantes, des relations, des souvenirs.
Des mains.
Des mains partout dans les livres d’histoire de l’art, dans la peinture, dans la photographie.
Des mains, des mains qui prennent soin.
Des mains qui cueillent, qui offrent.
Le photographe. Ces mains qui enserrent un objet absenté — à moins que ce ne soit pas l’objet qui se soit absenté. L’appareil en creux, le grand absent des dessins, pourtant omniprésent.
Des mains pour transmettre.
Ce qui reste, à ceux qui restent."
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