Lorsque le festival International de Films de Femmes présente sa première édition en 1979, elles sont peu nombreuses à occuper nos écrans, elles sont peu nombreuses à être reconnues en tant que femmes réalisatrices, en tant que femmes artistes, en temps que créatrices. On honore les actrices depuis plusieurs décennies mais quelle place le monde du cinéma des producteurs, des réalisateurs va-t-il leur laisser ? Le mouvement actuel qui bouscule et fait vaciller ce monde jusqu’alors formater par et pour les hommes nous amène à revenir sur toutes ces années pendant lesquelles l’emprise, le pouvoir et l’argent on induit silence et résilience. Nous ne pouvons que soutenir la bataille de toutes celles qui après des décennies osent ouvrir la parole sachant que du point de vue de la justice, la condition du délai de prescription leur donne peu d’espoir d’obtenir réparation… Et que le juste droit à la présomption d’innocence tend à occulter la parole des victimes. Mais toutes ces voix s’élèvent au-delà de chaque histoire individuelle, elles dévoilent sur l’espace public l’inacceptable face à une résistance féroce de ceux et celles qui dénoncent une attaque à la liberté artistique voire un lynchage d’auteurs et d’acteurs et pour certains hommes politiques une attaque à des figures emblématiques de notre cinéma français.
Et pourtant malgré toutes ces résistances, faciles à comprendre tant il est difficile de perdre ses privilèges, arrivent sur nos écrans des réalisatrices largement récompensées, des films évoquant des histoires intimes, des portraits de femmes…. Des oeuvres, des autrices et des professionnelles qui tracent des sillons dans l’histoire du cinéma qui nous l’espérons pourront faire bouger les mentalités dominantes et transmettre le principe d’égalité autre que celui des quotas.
La programmation de films proposée par Ciné Femmes pour les manifestations autour du 8 mars montre combien de films sortis ou à sortir parlent de ces histoires de femmes, mais nous ne méprenons pas, rien n’est gagné et la vigilance reste de mise tant que l’écart entre réalisateurs et réalisatrices ne sera pas drastiquement réduit, tant que des personnalités du monde du cinéma ne seront pas suspendues en cas de mise en examen… C’est aussi pour toutes ces raisons que nous sommes très honorées d’accueillir dès le jeudi 29 février, Joëlle Léandre jazz woman militante de tous ces combats.
Source : Open Agenda
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