Imposant son univers de faiseur de chansons rap, à travers des projets tels que "Rose", "Gris Cur", &Moi, qui donne toute la place à un examen minimaliste et précis de ce qui fait la vie d'un être : la vie, l'amour, l'amitié, les échecs, Kemmler, a su se faire remarquer en tant qu'artiste et collaborer avec des noms de la scène rap connus pour leur talent de lyricistes (Fianso, Youssoupha). Son nouvel album "Alain" poursuit le travail de polisseur des mots de l'intime, du sentiment, dans la veine d'un OrelSan, rimeur assumé de la loose du quotidien. Cet album est un témoignage, celui d'une renaissance personnelle, artistique. La musique n'est plus au centre de sa vie, pour la première fois depuis une décennie. L'annonce du cancer de son père, Alain, lui a enlevé le goût de créer et lui fait faire un premier constat qu'il n'avait jamais fait avant : sa passion de la musique est conditionnée par le bien-être de son entourage. Il devient aidant, soutient sa mère et vit une rupture amoureuse. De ce long processus, Kemmler nous plonge dans de multiples moments de vie, où il a ressenti, pensé et pansé ses plaies. Chaque morceau égrène un instant T de ce parcours, où passé le choc, la douleur, il a fallu faire face et les affronter. Kemmler, comme tout poète, regarde ses blessures droit dans les yeux, pour mieux les décrire et toucher le public. "J'n'ai que mon père comme éternelle idole", clamait-il dans "Autopsie". Son album prend le prénom de son père, Alain , comme ultime hommage et s'écoute seul, car sa spéléologie des sentiments, au premier abord, semble peu se prêter au partage en communauté. Et pourtant, sa triste fête solo est une invitation à la célébration collective, pour tous les cours qui ont été blessés et le seront un jour.
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