De 14h00 à 19h00
Entrée libre accessible à tous.tes
Le centre d’art contemporain Zoo propose une exposition qui réunit de jeunes diplômé·es des trois écoles des beaux-arts de la région des Pays de la Loire : Angers, le Mans et Nantes.
Le problème à trois corps est un thème célèbre qui a animé le monde des mathématiques et continue à l’animer depuis qu’il a été mis en lumière et partiellement résolu il y a plus d’un siècle par Henri Poincaré. Ici, il est plus fait allusion à l’enjeu de rassembler neuf jeunes artistes issu·es de trois écoles différentes que l’on imagine procéder d’un enseignement singulier qui se manifesterait à travers une sensibilité et une pratique spécifique à ces écoles, de ces trois corpus de professeurs donc.
Au-delà de la référence à un enseignement qui produirait des artistes reconnaissables à leur école d’origine, comme c’était le cas d’un XIXe et XXe siècles où l’on pouvait reconnaître la filiation des maîtres, aujourd’hui cet aspect mimétique a largement disparu pour laisser place et mettre en valeur un enseignement qui donne la primeur à une autonomisation synonyme d’affirmation personnelle. Réunir ces neuf jeunes artistes dans une exposition collective revient donc à résoudre un problème à neuf corps plus qu’à trois… en réalisant une exposition qui respecte leurs singularités tout en produisant une certaine homogénéité, un paysage commun.
S’il fallait dégager des lignes de force de ces travaux, on pourrait déceler une nette propension à la rébellion ou du moins à la non-acceptation d’un état de fait qui se perpétue à travers les époques : la vidéo d’Ergün Tüydas remet en scène la dénonciation des violences policières tout en y amenant une touche d’humour et d’absurde, celles de Galiane Bergonzoli et Laurie Lalizou participent de la déconstruction de figures que l’on pensait intouchables, celles d’artistes mythiques dont le comportement à l’égard des femmes notamment ferait aujourd’hui l’objet de vives dénonciations ; Maxence Boudaud s’attaque de son côté aux routines que nous impose une « nouvelle » société d’un spectacle pour le moins aliénant ; idem pour le rapport de Marguerite Castel aux animaux qu’elle revêt au propre et au figuré d’une attention aussi déroutante que contemporaine. Rafaël Cuenca de son côté s’attache aux récits intimes où les fantômes de la culture et des rituels issus de la religion catholique transparaissent sous le voile d’un athéisme bon teint qui les recouvre. Cette volonté d’interroger le socle culturel qui imprègne nos sociétés, on la retrouve chez Mathilde Salic qui, par diverses techniques narratives, met en lumière le côté situé des différents points de vue qui animent les acteurs. L’aspect morcelé des sculptures de Thibault Casteigts où se mêlent des matières de diverses provenances telles que l’acier, la mousse, le ruban adhésif ou encore le tuffeau renvoie à une réelle désorientation face à une société qui cultive allègrement l’oxymore : ses titres comme Tinder Testimony ou Le fichier est illisible ainsi que l’emploi d’une couverture de survie amplifie ce sentiment. Morcellement encore dans les installations de Clément Fayette qui tente à travers ces dernières de rassembler des points de vue introuvables qu’il est de plus en plus nécessaire de situer, comme le manifeste le travail de Mathilde Salic. Quant aux peintures de Maëlle Ledauphin, elles font ressurgir la figure du vampire : faut-il y voir la métaphore d’une société où ces créatures terrorisaient les populations en investissant leurs imaginaires, une allusion à nos démocraties de plus en plus tentées par l’autoritarisme ?
Le problème à trois corps qui réunit les jeunes diplômé·es des écoles d’art de la région participe de la mission du centre d’art Zoo de permettre à de jeunes diplômé·es de faire leurs premiers pas en tant qu’artistes. Cette exposition contribue à faciliter la professionnalisation et l’autonomisation de ces dernier·ères en leur donnant la possibilité de faire connaître leurs travaux à un public nantais, régional et national.
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