Elle parcourt le pays. Il rêve d’être élu président. Il lui faut un discours. Elle pourrait l’écrire. Il la fait enlever. Elle tressaille, il chavire. Manipulés par les mécanismes secrets des mots, de l’amour et du pouvoir, les personnages évoluent entre étranges marionnettes et corps chimériques. Un musicien leur insuffle la vie alors qu’ils ne sont que des masques sur un théâtre de tréteaux. Nos masques ne sont pas complets, ils laissent passer le jour de nos visages. Si bien que nous ne sommes jamais totalement le masque – la marionnette - ni jamais totalement nous-mêmes. Au fur et à mesure que le colonel accède à ses fins, l’image de lui qu’il est en train de créer se décompose pour le ramener à lui-même. Belissa est son double lumineux : alors que ses mots transforment le colonel, la métamorphose la ravit elle aussi, et l’emporte dans une relation qu’elle accepte de ne plus maîtriser. Ce rapport, indescriptible tant il a des profondeurs possibles, entre le personnage qu’ils jouent, et la personne qu’ils sont, nous a amené aux masques manipulés. L’histoire est sans conclusion. Elle aussi reconnait ses vides, comme une invitation à penser que toute réflexion sur l’être humain ne peut rester qu’inachevée.
0 Commentaire Soyez le premier à réagir