Séance 5 : S'engager dans la co-production de savoir : partage d'expériences - Bibliothèque Universitaire

Qu'apportent les sciences participatives aux pratiques de recherche ?

"S'engager dans la co-production de savoir : partage d'expériences"

Intervenants :
Bertrand Bocquet est Professeur à l'Université de Lille et chercheur au laboratoire Histoire des technosciences en société du Cnam à Paris.
Ses travaux portent sur le développement d’interfaces participatives sciences-société et les méthodologies d’accompagnement associées ainsi que
l’analyse de leurs effets sur la co-production des connaissances, l'expertise collective et l'innovation élargie.
Directeur scientifique de la Boutique des Sciences de l’Université de Lille et membre du bureau du Réseau de recherche sur l’innovation, co-responsable de l’axe Sciences en société :
La Recherche Action Participative pour une coopération « chercheurs-acteurs » réciproque.
Résumé :
Le modèle de développement actuel dépasse les capacités de soutenabilité du système terre, si bien que nos sociétés se retrouvent confrontées à des défis sociétaux majeurs. Une prise de conscience croissante de ces enjeux s’exprime aussi bien au niveau de différents secteurs d’activité qu’au niveau politique et institutionnel à tous les échelons territoriaux où diverses initiatives citoyennes naissent et se structurent. Les transitions vers des modes de vie plus respectueux des limites planétaires impliquent de penser les transformations requises sous forme de processus non performatifs soumis à des contraintes fortes.
La complexité des problématiques requiert non seulement de réunir un grand nombre de domaines de recherche mais aussi d’avoir une démarche plus ouverte et inclusive pour impliquer des acteurs issus d’organisation de la société civile « concernés » par ces problématiques. Cet élargissement de la participation en science prolonge l’activité de production de connaissances par un agir collectif et délibératif construit sur des analyses éclairées. Ces considérations nous orientent vers une approche de Recherche action participative (RAP) avec une visée de co-production des savoirs.
Dans cette présentation, nous mettrons l’accent sur les conditions de réussite de projets de RAP, d’une part, au prisme de trois paramètres clés que sont le lieu, la temporalité et la posture des parties prenantes, et d’autre part, sur l’intérêt d’un dispositif stable et d’une ingenierie participative robuste adaptée aux contextes d’intervention. Nous illustrerons ces considérations au travers des expériences menées au sein de la Boutique des sciences de l’Université de Lille.

Cyril Fiorini est chargé de projets et de plaidoyer au sein de l’association Sciences Citoyennes.
Docteur en Sciences, techniques, société (STS) et chercheur associé au laboratoire Histoire des technosciences en société (HT2S) du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).
Sa thèse intitulée « La co-production des savoirs en pratiques au tournant du XXIe siècle. Études de cas sur la mise en œuvre et la conduite des collaborations entre chercheurs et acteurs associatifs dans les domaines de la santé, de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté » (2023).
Co-produire les savoirs par la recherche participative. Pratiques complexes, enjeux politiques majeurs.
Résumé :
Dans un contexte marqué par une mise en débat croissante de la place des chercheur·e·s et des institutions scientifiques dans notre société à régime « démocratique », les pratiques de recherche participative gagnent en diffusion et en visibilité. Entendues comme processus exigeants de co-production des savoirs entre chercheur·e·s scientifiques et acteur·e·s de la société civile à but non lucratif, les pratiques de recherche participative sont mises en œuvre selon des modalités diversifiées et intègrent de nombreux enjeux relatifs à leur outillage, aux types de savoirs en présence, aux temporalités croisées, aux postures des partenaires ou encore aux objectifs de transformation socio-politique. L’observation de telles pratiques révèle que les ambitions d’une contribution maximale de tous les partenaires des collectifs de recherche à toutes les étapes de la recherche entrent en tension avec les moyens dans leur diversité (en termes de financements, de disponibilités, de compétences, etc.) qui sont à leur disposition pour réaliser les projets de recherche participative. Se pose alors la question des conditions qui renforcent, ou au contraire qui atténuent, la portée politique des pratiques de recherche participative conçues comme levier favorisant une démocratisation des sciences.
Cette intervention s’appuiera sur les actions conduites par l’association Sciences Citoyennes, qui cherche à soutenir le développement des pratiques de recherche participative depuis sa création en 2002, en articulation avec mes travaux de recherche présentés dans ma thèse intitulée "La co-production des savoirs en pratiques au tournant du XXIe siècle".
Suivi d’un débat
Organisateur : Julien Gargani, Directeur du Centre d’Alembert