Qui n’a pas rêvé un jour de devenir le roi ou la reine d’un soir, de revêtir les habits de lumière de la comédie musicale, voire même de danser comme Travolta dans Saturday night fever ?Elève de la Folkwangschulen d’Essen et de la London school of contemporary dance, Marco Berrettini n’attend pas pour réaliser ce rêve. Champion allemand de disco à l’âge de quinze ans, il bifurque vers la France et durant plusieurs années devient l’un des interprètes, narrateur polyglotte, du chorégraphe du swing, Georges Appaix. Parallèlement à son métier de danseur, le chorégraphe œuvre déjà à de multiples projets et créations. Une vingtaine de documents inénarrables ont vu le jour depuis ses débuts en 1986.
Sorry, do the tour!, pièce créée en 2001, met en scène les acteurs de*Melk Prod. Un abécédaire de titres de disques, hit discos des années 70 et 80, constitue la dramaturgie du spectacle créé collectivement par les dix interprètes participant à l’esprit particulier de ce travail.
Cet inédit concours de danse disco, nimbé d’une douce lumière rose bonbon est un véritable précis d’autodérision. Le défilé incessant des interprètes numérotés, endossant tour à tour, avec une remarquable plasticité de corps toutes sortes de postures sexy liées aux mythes collectifs, nous entraîne peu à peu dans les coulisses de l’exploit.
L’envers du plateau s’intéresse au morne et routinier travail technique de la danse et engendre d’hilarantes démonstrations laconiques. Une lenteur hypnotique et entraînante accapare l’espace où les interprètes exécutent toutes sortes de figures à la gloire des effigies, des icônes de pub, voire même des quilles de bowling. Ils sont de purs objets de consommation parfaitement incarnés, dont les réactions subtiles et intimes dilatées dans la représentation résistent farouchement à cette proposition autour de l’objet et de la danse.
Délectable show glamour dont chaque situation est issue d’une chanson, Sorry, do the tour!est aussi une pièce à convictions. Concurrence, désir, image de soi, hauts rêves artistiques de la danse, conditions de travail et de production, le chorégraphe agence les perles de ses provocations envers le monde du spectacle. Formule un de l’ascèse critique et des incongruités loufoques, Marco Berrettini affirme son propos avec le style qui lui est propre : une sorte d’hyper-réalisme radical, absolument jubilatoire. Irène Filiberti
Source : Open Agenda
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