Romancière, dramaturge, traductrice et bien sûr poétesse, Aphra Behn est la première femme à vivre de sa plume dans l'Angleterre du 17ème siècle et bien que Viriginia Woolf lui rende hommage comme pionnière et modèle de liberté, elle reste aujourd'hui encore mal connue en France. Ce texte est une traversée de sa vie et son oeuvre et nous donne l'occasion d'aller à la rencontre de cette autrice hors du commun à bien des égards.
Extrait de la postface d'Edith Girval : "Vous n’imaginez pas combien de fois on m’a demandé pourquoi je m’intéressais à cette dramaturge du XVIIème siècle à demi célèbre. On me regardait comme une bête curieuse, un rat de bibliothèque sans doute détachée des réalités de son époque. Alors, quand Aline César est venue me trouver pour faire de Behn un spectacle, lui redonner cette vie populaire et publique dont elle rêvait, la gloire littéraire qu’elle s’était tuée à revendiquer pour être l’égale de ses camarades d’écriture masculins – j’ai bien entendu sauté sur l’occasion. Ne vous méprenez pas – non, non, non, non. Je vous arrête tout de suite. Il ne s’agissait pas de « dépoussiérer » Aphra Behn, loin de là. Bien malheureusement pour nous, le féminisme d’Aphra Behn n’a pas pris une ride en trois siècles. Comment ça ? Nous avons bien gagné le droit d’écrire et de publier des livres (dans une petite partie du monde, et si on a reçu l’éducation suffisante pour savoir le faire). Le droit de vote (pas encore partout). L’égalité ? Non, pas encore. Alors Aphra Behn, pour moi, pour Aline, pour Virginia Woolf, et pour toutes les femmes du monde, c’est une voix familière, une amie irrévérencieuse et gaie qui nous rappelle que personne n’est moins que les autres. Que nous avons le droit de crier avec elle. Une voix que l’on entend malgré les siècles comme si elle était la nôtre. "
Avant-propos d’Aline César : "Dans un poème célèbre, Aphra Behn s’inquiète de sa postérité et demande qu’on « accorde à ses vers l’immortalité ». Pourtant la poétesse et dramaturge anglaise Aphra Behn (1640 -1689) a eu beau être reconnue et célèbre en son temps, elle n’en fut pas moins oubliée et dédaignée jusqu’à ce que Virginia Woolf puis les féministes anglo-saxonnes des années 70 rendent hommage à cette pionnière. Espionne aux Pays-Bas, aventurière, savante, voyageuse, elle rencontre les Amérindiens d’Amazonie et assiste à une révolte d’esclaves au Surinam. Aphra Behn est surtout l’une des premières écrivaines à vivre de sa plume et à s’imposer sur la scène théâtrale londonienne. Ce succès lui coûta entre autres un libelle sarcastique qui la qualifie de « pute et poétesse » (‘Punk and Poetess’), rappelant ainsi qu’une femme qui s’exprime sur la scène publique était aussi perçue comme une femme publique. Libre, indépendante, contestataire et féministe avant l’heure, critique du mariage arrangé et de l’esclavagisme, Aphra Behn n’est pas seulement pour moi une épigone singulière, elle pose aussi la question de la légitimité, de la possibilité de créer et de la nécessité de se positionner parfois à la marge des courants idéologiques dominants. C’est pourquoi je mène un travail d’écriture et de mise en scène autour d’Aphra Behn, c’est pourquoi je pourrais aussi revendiquer cette épithète ‘Punk and Poetess’."
Pour en savoir plus sur le site de la maison d’édition : https://www.supernovaeditions.com/aphra-behn-punk-and-poetess-aline-cesar/
Et sur le site de la compagnie : http://www.compagnieasphalte.com/spectacles/aphra-behn--punk-a-poetess
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