Britannicus est le récit d’une émancipation. Non pas celle du personnage qui donne son nom à la pièce, mais celle de son héros caché : Néron. Sa mère Agrippine l’a porté jusqu’au trône de l’Empire, en espérant pouvoir ainsi régner dans l'ombre.
Pourtant la pièce commence alors que Néron s’affranchit de son encombrant soutien et cette émancipation va prendre un tour incandescent. Nous allons assister à la fin de tous ceux qui mettaient un frein aux désirs de Néron : son frère Britannicus ; sa mère Agrippine ; le consul Burrhus ; son allié Narcisse ; son amour Junie. Tout est consommé, tout est consumé. Ne reste qu’un paysage en cendre que décrit à la fin le récit halluciné d’Albine, confidente d'Agrippine.
Racine a composé un magnifique trompe-l’œil. Que nous parlions, que nous agissions, que nous nous opposions ou que nous nous aimions, ce que nous nous ingénions à obtenir, les ruses de la vie nous en éloignent sans cesse et c’est ce que nous ignorions vouloir que nous obtenons finalement.
Les personnages, malgré tout leur orgueil, sont le jouet de quelque chose qu’ils ignorent : la Providence, l’amour-propre, le désir inconscient.
Britannicus porte un regard cru sur ce "monstre naissant" ou la métamorphose d'un homme au contact de la toute puissance du pouvoir...
Source : Open Agenda
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