Jean Epstein est un cinéaste atomiste, de la matière du temps, et des mythes de la démesure. Dans "La Chute de la maison Usher", on monte en gravité comme à travers des étages, vers une chambre oubliée, un mystère originel où art et vie se confondent. Peinture, cinématographe et vie fusionnent dans ce film jusqu'à leur effondrement commun.
Le génie d'Epstein est, plutôt que de chercher les grimaces à face de langage (qui sont les outils du théâtre), de sculpter dans la matière même du film, le temps du défilement des images, à même la gravité. C'est un champ d'attraction entre art mort et amour qui distord ce film jusqu'à sa complète chute.
"L'une des plus grandes puissances du cinéma est son animisme. A l'écran, il n'y a pas de nature morte. Les objets ont des attitudes. Les arbres gesticulent. Les montagnes, ainsi que cet Etna, signifient. Chaque accessoire devient un personnage. Les décors se morcellent et chacune de leurs fractions prend une expression particulière. Un panthéisme étonnant renaît au monde et le remplit a craquer."
Jean Epstein, "Le cinématographe vu de l'Etna", 1926
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