Hilda Paredes, Siphonophorae pour ensemble
François Paris, À propos de Nice ciné-concert pour ensemble
Maël Bailly, Six miniatures pour sextuor
Rebecca Saunders, Stirrings Still 1 pour ensemble
Musiciens de Court-circuit et du Birmingham Contemporary Music Group;
avec la participation d’étudiants du Conservatoire de Birmingham (dispositif NEXT)
Direction : Jean Deroyer
En écho au concert
18 novembre : intervention de Maël Bailly au CRR de Paris dans le cadre de l’atelier contemporain animé par Suzanne Giraud
Un compositeur anglais, deux compositeurs français et une compositrice mexicaine vivant depuis longtemps à Londres se retrouvent dans le cadre de cet échange Outre Manche. Leurs sources d’inspiration sont très différentes.
Samuel Beckett pour Rebecca Saunders dont elle introduit les citations dans la partition : «La lumière est infiniment faible, c’est vrai, maintenant plus qu’un simple murmure ». Musique fragile et intensément raffinée.
Dans les miniatures de Maël Bailly, différentes formations instrumentales s’enchaînent à la hâte, et tentent de se saisir de l’idée musicale initiale pour la passer aux suivants. Sextuors, quatuors, trios et duos se succèdent dans un joyeux téléphone arabe musical, ou la digression joue le rôle dumalentendu. Ainsi chahutée comme le témoin d’une course de relais sinueuse, une idée vit, se transforme et se montre sous plusieurs lumières.
Ce sont les sinophorae, organismes zooplanctoniques des eaux chaudes, pouvant atteindre une quarantaine de mètres, qui ont marqué la forme de l’œuvre d’Hilda Paredes. Ainsi, plusieurs sections pourtant distinctes dans leurs caractères et leurs formes, sont liées et connectées à un ensemble interdépendant. Pour exemple, la première section de la pièce commence par des motifs courts qui se transforment progressivement en se « répandant » les uns sur les autres, le niveau sonore et le degré de fusion augmentant dans le même temps.
Enfin, c’est le film de Jean Vigo, « À propos de Nice », qui a inspiré François Paris. Le compositeur nous dit: « J’aborde depuis toujours avec prudence et humilité la question de la pluridisciplinarité. S’il est possible pour un compositeur de comprendre le propos d’un film et d’en faire une interprétation subjective, il est moins aisé de comprendre et d’interpréter sa forme organique ainsi que les enjeux du réalisateur. Tout ce que j’ai écrit à propos du travail de Vigo n’est donc constitué que par ma lecture de musicien et n’est pas le résultat d’une tentative de commentaire objectif. Serait-ce un dialogue ? La situation idéale pour dialoguer résiderait dans la construction simultanée du propos cinématographique et du propos musical. Dans le cas d’«À propos de Nice», je me suis senti invité à un dialogue imaginaire avec Vigo. D’autre part, j’ai d’emblée décidé de ne pas « coller » systématiquement à l’image pour ne pas être redondant quant au propos du cinéaste. Le rapport à l’image a donc été conçu pour être le plus souple possible ; pas question d’imaginer un «clic » dans l’oreille du chef par exemple… Le rôle du chef est donc ici fondamental.Soixante-dix ans séparent la réalisation d’«À propos de Nice» et l’écriture de ma partition et cela ne me pose aucun problème tant le propos du cinéaste semble toujours d’actualité. J’espère ne l’avoir jamais amoindri, assoupli ou rendu plus accessible. Cela aurait été à la fois réduire la portée et nier l’intemporalité du propos même de Jean Vigo et le trahir. Le reste est affaire de dialogue fondé sur des subjectivités, dialogue sur lequel j’insiste tant et que j’espère constructif et complice.»
Source : Open Agenda
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