Eugène CARRIERE est un artiste au parcours plutôt solitaire comme le montre son évolution personnelle. Son art, reflet de la sphère intimiste, traverse différents courants, du naturalisme de ses débuts à ce qu’il appela, passé 1895, « sa recherche indépendante », c’est-à-dire un goût de l’inachevé comme RODIN dont il est l’intime, une tendance à l’abstraction et le choix d’une monochromie de terres et d’ocres. Le Symbolisme donne à ses portraits nombreux comme celui de VERLAINE une dimension d’intériorité forte. L’humanisme qu’il met en pratique dans sa vie quotidienne est indissociable de la compréhension de son œuvre. Ainsi la liberté, la tolérance et la justice vaudront à ses yeux autant sur le plan politique qu’artistique. L’innocence de DREYFUS, la place des femmes artistes et la démocratisation de la culture seront de ses combats. Fort de ses enseignements, Eugène CARRIERE devient peu à peu un Maître qui compte pour les générations européennes qui suivent. Il fait figure de figure de proue de l’art indépendant comme le reconnaît Maurice DENIS lorsqu’il écrit : « Eugène Carrière et Rodin sont les maîtres de ceux qui n’en veulent point. » L’ouverture de l’Académie Carrière attire à lui MATISSE et DERAIN. Eugène Carrière a été le 1er Président du Salon d’Automne dont il voulait qu’il soit un lieu d’expression représentatif de toutes les tendances de l’art moderne. C’est le cas avec la « Cage aux Fauves ». Plusieurs de ses élèves trouvent dans le Salon d’Automne, le grand salon novateur où exposer leurs œuvres. En parallèle, le jeune Pablo PICASSO trouve une filiation dans la monochromie de CARRIERE, une des possibles inspirations de la période bleue.
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