Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière… Derrière cette maxime cinématographique attribuée au scénariste Michel Audiard, l’artiste visuel et plasticien Olivier Ratsi imagine, à la manière d’un artisan-faiseur d’images et d’un bâtisseur d’espaces, une traversée chromatique saisissante et pluri-sensorielle : les yeux grands ouverts, nous passons de la couleur-lumière intense d’un espace-temps contrôlé à la lumière diffractée d’un espace-temps fugitif aux contours flous. De la surface de l’œil au corps tout entier, l’expérience est à vivre in visu et à éprouver ; miroir symbolique de notre relation à une époque technologique saturée semblant montrer ses limites et dont le futur manque parfois de perspective, de clarté ou de visibilité, elle reflète ce moment de vertiges et de brouillard que nous vivons, dans lequel il nous faut être un peu fêlé pour collectivement laisser filtrer la lumière.
Heureux soient les fêlés car ils laisseront passer la lumière invite à un changement d’état, à une régénération singulière des angles de vue, des postures, des points d’attention et du rapport à ce qui nous entoure. Par des phénomènes optiques (jeu d’infinis, trompe-l’oeil, anamorphose, miroirs) et des tracés géométriques, notre regard, entre conscience et inconscience, s’imprègne et s’abîme tout en donnant vie à une dizaine d’installations hybrides mises imperceptiblement en mouvement.
Détachées de leur arrière-plan technique, elles sont organisées en grands blocs mono-couleur primaires ; à partir d’un ensemble de faisceaux, tangibles ou imaginaires, ces sculptures de lumière, diffuse ou projetée, chaude ou froide, dessinent en réalité augmentée des constellations abstraites et vibrantes que nous métamorphosons et relions entre elles du regard, de nos libres déambulations, de nos émotions et de notre perception du monde.
© Photo : Olivier Ratsi.
Olivier Ratsi
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