De 21h00 à 18h00
Payant, sur réservation.
C’est l’histoire de Ida, histoire singulière qui commence à sa mort. Ida, projetée à huit ou neuf mètres de l’autre côté de la rue par un camion, est morte. Pourquoi est-elle morte ? Tel un polar, une femme à la fois narratrice, Ida, Mme Besson, Gertrude, un homme, Hélène Bessette… nous conte cette énigme.
Un simple accident ? Les yeux baissés, elle regardait toujours ses pieds… Une histoire de classe sociale ? Ida est propriété de Madame Besson non par le mariage mais par la domesticité, par l’appartenance au delà de la mort. Elle est partie sans laisser de préavis. Impossible même de lui faire un reproche. Ses exemployeurs s’interrogent, jugent Ida, les « Ida » personnes inférieures. Une maladie mentale ? Sa phrase posée comme une énigme « je suis un oiseau de nuit » ouvre sur un monde où les frontières deviennent floues entre rêve, réalité, cauchemar et délire… Confusion de propriété d’être de personne, est-elle ou n’est-elle pas ? Est-elle Ida ou Madame ?… Ou Ida consciente de la condition humaine ? Ida, nouvel Icare, morte d’avoir ouvert les yeux. Elle a vu ce qu’il ne faut pas voir. Ce qui est insupportable à voir. Ida, femme de ménage chez les Besson, n’arrosera plus les fleurs la nuit.
Hélène Bessette joue avec les mots, elle camoufle les personnages. Ils sont à la fois présents mais peu voire pas définis, ils sont dans le flou poétique de l’écriture. La parole navigue entre différentes eaux. Qui parle : une narratrice ?, Gertrude ?, Madame Besson ? Hélène Bessette elle-même ? Hélène Bessette maîtrisait la langue, ses subtilités, elle aimait la tordre pour proposer des pistes cachées.
Lorsque débute le roman, l’histoire est terminée pour Ida, elle est morte. Elle n’est plus, mais occupe l’espace, investit l’histoire en devenant le centre des discussions de ses anciennes patronnes et ce pendant plusieurs mois, comme une revanche sur sa vie de femme de ménage invisible. Tel un fantôme, sa présence est impalpable, invisible mais incontournable. Ida-comédienne se joue enfin du monde qui l’entoure. Cette dichotomie peut être portée par la marionnette, elle peut assumer ce paradoxe, être à la fois là sans y être. Être dans l’interstice du vivant et de la mort.
Auteur : Hélène Bessette, d'après Ida ou le délire Adaptation et mise en scène : Laurent Michelin Avec : Christine Koetzel et Marion Vedrenn Construction masque et costume : Lucie Cunningham Regard extérieur : Pascale Toniazzo
Tout public
Représentations : Du 20 au 30 avril 2023 Du jeudi au samedi à 21h Le samedi et dimanche à 16h30
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