Le ministère des contes publics, Verdier, 2021. Après un travail d’investigation engagé dans Personne ne sort les fusils (Seuil, 2020), - un livre écrit autour du procès France-Telecom (Mai à Juillet 2019), où elle y dénonçait - et y décryptait au scalpel – « le langage du capitalisme néolibérale » (« Parlons-nous la même langue ? »), Sandra Lucbert, écrivaine, normalienne et agrégée de lettre, se propose, dans son dernier ouvrage Le ministère des contes publics (Verdier, 2021), de « réfléchir par la littérature » et « depuis la littérature », aux conséquences de « l’emprise de la dette public sur nos vies » ; avec en filigrane la question du « démantèlement délibéré des services publics », et de la langue » technocratique et néolibérale », qui permet de le justifier, et qui ressemble à ces contes, que l’on raconte parfois aux enfants,- et aussi aux adultes - pour mieux les endormir.
D’une plume virtuose, implacable, souvent féroce, et en s’appuyant sur de nombreux exemples, l’écrivaine nous invite, à la façon de Lewis Carroll, - ou de Sigmund Freud -, à une « traversée du miroir ». Elle y démonte avec méthode, mais sans cacher sa colère, « la formation de discours automatiques sur la dette publique », et « l’histoire d’un enlisement grammatical ». Car son projet est bien ici de « penser le capitalisme comme une langue », et d’utiliser « les outils de la littérature », - mais aussi ceux de la philosophie, de la psychanalyse, de la linguistique - « pour le contrer » : « Ce livre, écrit-elle, est un essai de traduction – ou d’interprétation des rêves. Ma participation à l’effort de réveil. »
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