Théo Imart, sopraniste
Clément Geoffroy, clavecin
« De Purcell à Bach »
Au seuil du siècle des Lumières, baragouiner français et singer Versailles n’offre qu’un pis aller aux cours d’Europe confrontées à de graves problèmes économiques et sociaux. Dentelles et rubans masquent le désarroi de nations désarmées, tourbillonnant entre mimétisme et revendications identitaires, raison et démesure, scepticisme et foi, libertinage et morale. Pourquoi la musique de ces temps difficiles n’épouserait-elle pas ces paradoxes ?
Réunir Purcell, Bach, Haendel et Reincken, revient à offrir un passionnant panorama d’originalité, de fantaisie, d’incitation musicale à la piété, de fastes italiens implantés en Angleterre, et d’art savant. Les musiques baroques misent sur l’illusion, l’éphémère, les contrastes. Toutes choses en lesquelles ces compositeurs sont passés maîtres. Une Plainte aux accents déchirants au milieu du burlesque et de la féerie, une sublime Chaconne pour terminer tenant à la fois de la danse et de la variation, mais de style français, cela n’a rien d’étonnant chez Purcell. Bâtir son succès à Londres en donnant à l’opera seria italien un élan fantastique et rebondir avec les mêmes moyens en tant que compositeur de musique religieuse, est une carrière banale, même s’il s’agit de celle d’Haendel. Ignorer la distance entre l’opéra et l’église, ne pas méconnaître la vocation liturgique de sa musique, mais céder cependant à l’émotion pure, à la jubilation personnelle… en bref, spéculer sur le plaisir peut résumer Bach. Ces débordements expressifs se retrouvent dans sa somptueuse musique pour orgue ou clavecin avec ses incontournables Suites dont les « anglaises » ne contenant que des danses françaises ! Grâce à de grands maîtres dont Reincken, la musique de clavier tourne autour de la fugue, forme stricte et savante, mais goûtée par de nombreux hédonistes. Le baroque n’est donc pas à un paradoxe près. (Samuel Coquard)
Henry Purcell (1659 – 1695)
The Fairy Queen (La Reine des fées) sur une adaptation du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare (extrait)
Henry Purcell (1659 – 1695)
Chaconne en sol mineur pour clavecin
Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)
Cantate « Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust » (Bienheureuse paix, bien-aimée béatitude), BWV 170 (extrait)
Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)
Cantate « Mein Herze schwimmt im Blut » (Mon coeur nage dans le sang), BWV 199 (extraits)
Johann Adam Reincken (ca 1643 – 1722)
Fuga en sol mineur pour clavecin
Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)
Cantate « Wer mich liebet, der wird mein Wort halten » (Celui qui m’aime gardera ma parole), BWV 74 (extrait)
Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)
Cantate « Laß, Fürstin, laß noch einen Strahl » (Laisse, princesse, laisse encore un rayon), BWV 198 (extraits)
Johann Sebastian Bach (1685 – 1750)
Suite anglaise n°4 en fa majeur, BWV 809 (extrait)
Georg Friedrich Haendel (1685 – 1759)
Giulio Cesare in Egitto (Jules César en Égypte), HWV 17 sur un livret adapté par Nicola Francesco Haym (extrait)
Georg Friedrich Haendel (1685 – 1759)
The Messiah (Le Messie), HWV 56 sur livret de Charles Jennens inspiré de la Bible (extrait)
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