Premier fruit de la légendaire collaboration entre Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal, Elektra demeure une expérience sombre et violente, qui n’a certes rien à envier à la célèbre tragédie de Sophocle. Les dimensions exceptionnelles de l’orchestre et l’écriture en tous points paroxystique conservent toute sa puissance à ce fétiche de la modernité musicale.
Un acte unique, animé d’une tension insoutenable, suffit à projeter la tragédie de la vengeance sur la scène lyrique, avec une sauvagerie alors inédite. On a souvent fait remarquer que l’œuvre s’inscrivait dans le sillage des études cliniques sur l’hystérie et les syndromes obsessionnels. Pour rendre toute la démence du huis-clos tragique, Strauss oppose la masse de l’orchestre postromantique à des voix qui, poussées à l’extrême limite de leurs moyens, luttent pour parvenir à l’expression. Les couleurs orchestrales et la présence de thèmes-personnages trahissent l’influence de Wagner, mais la radicalité de l’écriture, à la recherche d’un primitivisme pulsionnel, fait craquer les cadres du son et de la tonalité. Poème de l’épouvante, Elektra effraya jusqu’à son créateur même, qui jamais ne revint à un tel degré d’audace et de sauvagerie.
Lieu : Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie
Lionel Sow
Esa-Pekka Salonen
Anna Larsson
Élèves du Département des disciplines vocales du Conservatoire de Paris
Peixin Chen
Choeur de l'Orchestre de Paris
Orchestre de Paris
Stefan Vinke
Iréne Theorin
Lise Davidsen
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