"Les grands prédateurs à la reconquête de nos territoires" - LPO Champagne Ardenne

Ils se cachaient pour mourir, voilà qu'ils reviennent - progressivement - en pleine lumière. Pour eux et pour ceux, dans le monde des hommes, qui les admirent et les protègent, ce retour est une revanche, sûrement pas une rédemption puisqu'ils ont toujours été fidèles à la mission essentielle de garantir l'équilibre de la biodiversité que la Nature leur a confiée. Pour accomplir ce rôle, l'Evolution les a armés de crocs, de griffes, de serres, de muscles et les a dotés de sens très perfectionnés.

Durant des millénaires, ils ont honoré le contrat avant d'entrer progressivement en concurrence avec l'agriculture, les progrès de la technologie et la démographie débridée d'une autre créature... Très vite et de manière radicale, la civilisation humaine a fait comprendre aux grands prédateurs qu'ils n'avaient plus place à ses côtés. La majorité d’entre eux n'a pas réchappé à cette guerre ouverte. Puis les lois se sont inversées et un processus de "réensauvagement" est apparu. Ce retour se manifeste depuis une vingtaine d'années dans le Grand Est.

Original, le phénomène s’avère plutôt encourageant pour le Lynx boréal, le Pygargue à queue blanche, le Grand-duc d'Europe ou le Balbuzard pêcheur en Alsace, Lorraine, Franche-Comté et dans une moindre mesure en Champagne-Ardenne, mais il reste très fragile à l’image du Loup gris ou du Faucon pèlerin.

Face à un environnement de plus en plus anthropisé, ce regain est le fruit d'une formidable leçon de vie pour ces quelques espèces, mais il ne doit pas masquer la dure réalité de la biodiversité dite "ordinaire", ce fameux bruit de fond dont le déclin s'accélère.