"JUSQU’À LA GARDE"
Film français de Xavier Legrand (2018 - 1h33min) avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux...
PRIX DE LA MISE EN SCÈNE ET MEILLEUR PREMIER FILM À LA MOSTRA DE VENISE 2017.
JEUDI 8 FÉVRIER 20H15 AU MÉLIÈS JEAN-JAURÈS.
Débat animé par S.O.S Violence Conjugales.
Un couple se sépare. Trop banale issue d’une histoire d’amour qui s’est perdue en chemin, laissant sur le bord de la route les deux enfants dont il faut pourtant impérativement tenir compte, si possible sans faire trop de dégâts collatéraux. La famille Besson a éclaté en mille morceaux et la tension est palpable en cette ultime audience devant la juge : Madame et Monsieur, chacun flanqué de son avocate, viennent exposer leur point de vue sur les modalités du divorce. L’enjeu est de taille puisque Madame demande la garde exclusive du fils cadet (la fille aînée, elle, a l’âge de choisir) alors que Monsieur réclame la garde alternée.
On comprend vite, à l’électricité qui sature l’atmosphère, à la manière dont chacun détourne le regard pour ne surtout pas croiser celui de l’autre, au silence lourd et pesant qui semble s’être imposé après trop de cris et de paroles, que ce qui se joue dans ce bureau est vital.
Dans ce long plan séquence d’une maîtrise impressionnante, on saisit toute la complexité de la situation, et aussi toute la dramaturgie de cette histoire qui commence. Du moins qui commence pour nous spectateur, car pour Miriam et Antoine, elle dure déjà depuis trop longtemps. Chacune des parties va argumenter, de manière concise et presque chirurgicale, et bien malin le spectateur qui pourrait, dès cette scène d’exposition, dire qui a tort et qui a raison, qui est victime, qui est coupable, qui manipule qui, à supposer que le tableau soit aussi simple que cela.
Pour un coup d’essai – puisque c’est un premier long métrage –, c’est réellement un coup de maître. Le récit de cette déchirante séparation, filmée sans pathos mais avec une tension qui vous prend aux tripes, est une plongée fascinante dans l’une des plus complexes machineries humaines et sociales : le couple, ou ce qu’il en reste. Grâce à une mise en scène d’une belle fluidité qui flirte subtilement avec le thriller, le film ne tombe jamais dans une approche trop psy ou manichéenne de ses personnages, chacun pouvant être approché sous toutes ses facettes (les deux comédiens sont époustouflants). Xavier Legrand ne juge jamais ses protagonistes mais tente au contraire de
montrer qu’ils sont pris dans un engrenage affectif, mental, social, juridique, qui les dépasse. L’écriture est de toute évidence inspirée de situations malheureusement bien réelles tant le film sonne juste dans sa restitution d’une réalité complexe et brutale. C’est beau, c’est fort, c’est incroyablement palpitant et c’est une sacrée découverte !
Haut et Court
JUSQU'À LA GARDE - un film de Xavier Legrand
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