Si la tragédie antique ne cesse de nous hanter, c’est qu’elle ne cesse de nous parler… de nous ! Avec Antigone, Sophocle posait pour l’éternité les bases d’une réflexion sur la justice des hommes et des dieux, sur l’impossible conciliation entre les attentes d’un cœur blessé et celles de la société, sur l’opposition entre la raison d’état et le devoir moral. Ou quand le politique achoppe sur ce qu’il y a de plus sacré dans l’humain. En revisitant ce mythe inépuisable pour une création mondiale attendue, Zad Moultaka (pour la musique) et Paul Audi (pour le livret) ont décidé d’en changer le point de vue : ce n’est plus ici Antigone qui focalise sur elle les inconciliables, mais Hémon son fiancé. Contrairement à la pièce originale, Hémon ici ne se suicide pas quand sa bien-aimée Antigone s’enferme dans la plus inflexible intransigeance. Par sa compassion et sa fragilité même, il est celui par qui la modernité peut enfin surgir dans un monde figé dans ses règles – fussent-elles incompatibles.
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