Œuvre fondatrice majeure, à l’instar de Café Müller de Pina Bausch ou Fase d’Anne Teresa De Keersmaeker, May B, à chacune de ses remises en scène, crée l’événement. Maguy Marin s’affranchie de la beauté des corps imposée par la danse pour fêter au plus près le bal de la vie.
Avec son chœur archaïque de personnages argileux, baladins intemporels d’une ronde incertaine, à la fois protégés et dévorés par l’improbable groupe qu’ils composent, ce best-seller de la danse contemporaine, offre un sublime fragment d’humanité où le grotesque le dispute au tragique. Quiconque croise ces regards effrayés, perdus, parfois moqueurs ; affronte ces pantins loqueteux au corps empêtrés qui râlent, se repoussent, s’étreignent dans une si singulière sarabande ne peut qu’être profondément bouleversé. C’est qu’ici notre humble condition est chorégraphiée au couteau dans ses plus intimes contradictions. « Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir… », May B.
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