Terrassé par la mort de sa femme suite à la naissance de leur fille, le pasteur américain Simeon Pease Cheney (1823-1890) va se retirer dans le jardin dont sa compagne prenait tant soin pour y cultiver ardemment son souvenir. Plus tard, ayant chassé sa fille de la maison, il va développer une attention aiguë aux sons de la nature environnante, en particulier les chants d’oiseaux, qu’il entreprend de noter méthodiquement. Ainsi va prendre forme l’ouvrage Wood Notes Wild, florilège d’observations sur les oiseaux et de transcriptions musicales de leurs chants, publié après sa mort à l’initiative de sa fille. Proche des écritures de Thoreau autant que de Messiaen, cet étonnant ermite musicien a inspiré à Pascal Quignard, mélomane (très) averti, le livre Dans ce jardin qu’on aimait. Poursuivant son fertile dialogue artistique avec l’écrivain, Marie Vialle adapte à présent le texte pour la scène. Structurée autour de la relation entre Simeon Pease Cheney (interprété par Yann Boudaud) et sa fille (interprétée par Marie Vialle), la pièce excède largement le cadre du récit biographique. Tendant à une intensification de la perception, elle rend peu à peu sensible un univers foisonnant dans lequel les mots – ceux de Quignard, de Cheney et de quelques autres auteurs – entrent en intime résonance avec des sons et des chants. Écho vibrant de toute la beauté du monde, l’espace scénique épuré semble alors s’ouvrir à l’infini.
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